ULB : le campus de La Plaine menacé

Des logements de luxe pour remplacer un espace vert. Un peu plus d’automobilistes pour encombrer les routes, sur un réseau déjà surchargé. Des bâtiments construits sans réelle concertation avec les riverains et les usagers. Voilà ce qui attend probablement le site de la Plaine à Bruxelles.

Par Louis M. (Bruxelles)

Le campus est utilisé depuis 50 ans par l’Université Libre de Bruxelles. Celle-ci a vendu la moitié du terrain en sa possession, à la recherche de fonds pour combler son sous-financement chronique. C’est une réalité qui sévit depuis plusieurs années : l’ULB vend son patrimoine immobilier pour équilibrer son budget.

Le privé a donc pris possession de vastes terrains, à proximité immédiate des deux grandes universités bruxelloise et du métro. Elle a choisi d’y implanter un important et luxueux complexe immobilier. Alors que Bruxelles a besoin de logements sociaux et étudiants, ce sont des appartements haut de gamme qui ont été choisis. C’est logique, ils se vendent plus cher.

Face au projet, des riverains, étudiants et travailleurs se sont engagés. Ils mettent en valeur l’importance écologique du site, qui abrite plusieurs espèces protégées. Il n’est pas rare d’y croiser des lapins, alors qu’il est situé en pleine ville. Plusieurs arbres d’essences protégées sont aussi menacées ; un magnifique alignement planté il y a presque cinquante ans serait abattu.

La commune d’Ixelles, sur laquelle est située le terrain, n’a pas manifesté un grand intérêt pour les revendications des opposants. C’est facilement compréhensible : ni les étudiants ni les riverains ne sont des électeurs potentiels. Et la puissance du promoteur, regroupant Immobel et les Entreprises Louis De Waele, n’est qu’un argument de plus en faveur du projet.

Ayant convaincu les autorités communales, Immobel n’eut pas grand-peine à faire de même pour la Région bruxelloise. Tout au plus quelques modifications mineures ont-elles été apportées au projet, répondant à quelques-unes des questions environnementales soulevées par le comité « Sauvez la Plaine ».

Aujourd’hui, deux des trois permis nécessaires ont été octroyés. L’abattage des arbres peut commencer à tout moment. Face à ce danger imminent, le Comité tente d’organiser une résistance citoyenne, menaçant de bloquer les travaux. La conscientisation des étudiants à l’ULB n’est cependant pas facile, il reste beaucoup de chemin à accomplir.

Les Étudiants de Gauche Actifs, le groupe jeunes du PSL, souhaitent apporter leur soutien à l’initiative du Comité, tout en rappelant que c’est le sous-financement chronique de l’enseignement qui est la cause principale de la situation. Seul un combat commun entre étudiants, travailleurs, enseignants et riverains sera à même d’influencer la politique de logement à Bruxelles.

Le projet Universalis Park est une opportunité pour ranimer la lutte étudiante depuis longtemps presque éteinte en Belgique. Nous nous devons de la saisir et de tout faire pour politiser le débat, en insistant sur les causes profondes plutôt que sur leurs conséquences sujettes à mobilisation – la privatisation de plus en plus grande de tous les aspects de la société, l’absence de démocratie dans la gestion de biens à usages collectif, et plus fondamentalement le système capitaliste lui-même.

Nous devons insister pour que des revendications plus générales que le simple arrêt du projet soient mises en avant. Nous nous battons depuis déjà plusieurs années pour un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB, ce qui aurait permis d’éviter la vente de ses terrains par l’ULB. Nous revendiquons aussi la construction de 60 000 logements sociaux à Bruxelles pour répondre à la demande en la matière. Ceux-ci pourraient être aménagés dans des espaces de bureaux laissés vides par leurs propriétaires, sans détruire les espaces verts de la capitale.
Mais notre revendication la plus fondamentale, c’est sans doute la prise de contrôle par les travailleurs des grands secteurs de l’économie – transport, enseignement, banques, industries. Seule une gestion collective de l’économie sera à même d’empêcher le capital privé de construire là où personne ne veut de nouveaux bâtiments.

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