Flandre : les locataires des logements sociaux dans le collimateur

Comment s’en prendre aux listes d’attentes des logements sociaux? Deux possibilités existent. La plus logique serait d’assurer une offre capable de satisfaire la demande. L’autre, c’est l’expulsion. La nouvelle ministre flamande de l’Intérieur, du Logement, de la lutte contre la Pauvreté et de l’Économie sociale, Liesbeth Homans (N-VA), poursuit sur la lancée provocatrice qui fut la sienne à Anvers en voulant s’attaquer aux locataires des logements sociaux en retirant leurs droits à ceux qui gagnent ‘‘trop’’ ou … qui causent trop de nuisances.

La technique est éprouvée : monter les locataires les uns contre les autres et accorder une attention démesurée à des cas particulièrement isolés pour éviter de devoir s’occuper de la problématique générale. Ajoutons à cela une couche de répression arbitraire et nous avons le cocktail typique de la politique de la N-VA.

En 2013, en Flandre, le loyer moyen d’un appartement a augmenté de 15%, soit beaucoup plus que les salaires et allocations sociales. Pour une maison, l’augmentation du loyer est de 3,5%. Le démantèlement du bonus logement (compétence régionale à partir de 2015, qui sera directement supprimée en Flandre et destinée à mourir à petit feu en Wallonie et à Bruxelles) rendra plus difficile encore l’achat d’une maison ou d’un appartement, ce qui aidera le marché locatif à gagner en importance.
Les autorités peuvent exercer une pression sur l’ensemble des loyers en offrant suffisamment de logements sociaux à prix abordables. Mais le gouvernement flamand ne l’entend pas de cette oreille. Pour s’en prendre aux longues listes d’attentes (près de 100.000 Flamands sont sur liste d’attente pour un des 150.000 logements sociaux existants), Homans a décidé d’exclure des locataires.

C’en est donc fini des logements sociaux à vie en Flandre, tout comme c’est déjà le cas en Wallonie (depuis 2008) et à Bruxelles (depuis 2013). Là encore, ce qui a été appliqué d’un côté de la frontière linguistique est utilisé de l’autre côté pour justifier la casse sociale. Les baux seront dorénavant de 3, 6 ou 9 ans, avec évaluations intermédiaires contre ceux dont les revenus ont augmenté ou qui causent des nuisances : des termes très flous et qui fleurent bon l’arbitraire. Un parlementaire libéral flamand avait commenté la mesure ainsi : ‘‘l’État doit offrir un tremplin, pas un hamac’’. Voilà la vision de Homans & Co – copiée sur les coalitions ‘‘progressistes’’ de la Région Wallonne et de la Région Bruxelloise – concernant le logement social : un accueil d’urgence qui doit être limité dans le temps. Le marché privé doit être la norme.

Jusqu’ici, un locataire pouvait rester dans son logement social quitte à payer un loyer plus important en fonction de l’augmentation de ses revenus. Une sécurité de logement existait, qui assurait que les locataires sociaux ne se voient pas contraints de déménager tous les x temps et de quitter leurs amis et voisins.

Une fois de plus, Homans essaie de stigmatiser un groupe social plus faible en les pointant du doigt comme des profiteurs. Pourtant, seuls 8% des locataires disposent d’un revenu plus élevé que la limite pour avoir droit à un logement social, et seulement 5% à Anvers. En Flandre, en plus des locataires de logements sociaux, plus de 240.000 personnes ont des revenus inférieurs à cette limite sans vivre dans un logement social.

Avec ce gouvernement flamand, les spéculateurs immobiliers pourront tranquillement continuer à faire grimper les loyers. Contre cette politique qui rend le logement moins accessible pour une grande partie de la population, il faut un programme d’investissements publics massifs pour élargir le secteur du logement social, en commençant par satisfaire toutes les demandes sur listes d’attentes.

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