Écosse : Un référendum qui pourrait ébranler le capitalisme britannique

« Au cours des quatre dernières semaines, le soutien à l’Union a perdu du terrain à un rythme stupéfiant. La campagne pour le “Oui” à l’indépendance n’a pas seulement entamé le territoire du “Non” : il s’agit en fait d’une véritable invasion. » – Peter Kellner, de l’agence YouGov

Par Philip Stott, Socialist party Scotland (CIO-Ecosse)

L’Écosse votera pour ou contre son indépendance du Royaume-Uni au cours d’un référendum historique le 18 septembre prochain. C’est la première fois depuis le début de la campagne pour le référendum qu’un sondage d’opinion fait ressortir une majorité en faveur du “Oui” – à présent de 51 % contre 49 % de “Non” (c’est-à-dire, pour maintenir l’Écosse en tant que partie prenante du Royaume-Uni). La publication le 6 septembre des résultats de ce sondage, réalisé par l’agence YouGov pour le compte du journal The Sunday Times, a plongé la caste politique capitaliste britannique dans la panique la plus totale.

Quelques heures à peine après cette révélation, George Osborne (ministre des Finances, membre du parti LibDem) a annoncé que les trois partis Tories, Labour et LibDem s’étaient mis d’accord sur un “plan d’action” afin de donner « plus de pouvoirs à l’Écosse, en termes de taxation, de budget, et de sécurité sociale ». La peur est telle parmi les partisans du “Non” qu’ils ont décidé de réaliser cette ultime concession même après que 500 000 personnes aient déjà envoyé leurs votes par la poste.

Une erreur monumentale

Tout cela est encore plus amusant si l’on se rappelle que la direction du Parti national écossais (SNP, démocrates bourgeois pro-indépendance) avait en 2012 proposé un référendum à choix multiple, qui aurait inclus la possibilité de demander plus de pouvoirs pour l’Écosse – en organisant un grand transfert de compétences. Cette proposition a été refusée par le Labour et par les partis conservateur et libéraux-démocrate qui, dans leur arrogance, s’imaginaient pouvoir infliger une défaite décisive au SNP et par là-même étouffer toute velléité future d’indépendance, en organisant à la place un simple référendum « Pour ou contre l’indépendance » – tant ils étaient convaincus que personne ne choisirait la séparation d’avec le Royaume-Uni. Il s’agit bien entendu d’une erreur monumentale de leur part : les voilà à présent pris à leur propre piège.

Comme le répétait d’ailleurs l’analyste et conseiller politique Andrew Rawnsley dans les pages de l’Observer la semaine passée : « Si les gens avaient pu faire ce choix, je suis sûr qu’ils auraient voté en masse pour la proposition d’un transfert massif de compétences. De ceci, je tire cette conclusion : si l’Écosse vote en faveur de l’indépendance et donc, de la fin du Royaume-Uni, nous allons bientôt voir toute une génération de politiciens londoniens rédiger leurs mémoires après leur démission, dans lesquelles ils s’efforceront d’expliquer comment ils ont pu à tel point fermer leurs yeux sur la catastrophes, puis être si lents à réagir à la crise. »

Quand bien même le “Non” l’emporterait jeudi prochain, il est clair que l’Écosse recevra forcément de nouveaux pouvoirs de la part de Londres afin d’éviter que la population ne réclame un nouveau référendum pour l’indépendance dans quelques années, comme ç’avait été le cas au Québec dans les années ’90.

Une révolte contre l’élite politique

Nous voyons donc à présent la possibilité d’obtenir une majorité de votes pour l’indépendance. Il ne fait aucun doute qu’il y a une très forte tendance au “Oui”, surtout dans les quartiers et villes ouvrières d’Écosse. Comme le Socialist Party Scotland (CIO – Écosse) l’a expliqué à de nombreuses reprises, des centaines de milliers de gens considèrent ce référendum comme une manière de se venger des riches politiciens qui mènent une politique d’austérité au bénéfice des grandes entreprises.

Le sondage YouGov a d’ailleurs bien mis cet élément en évidence. Au cours des quatre dernières semaines, le soutien au “Oui” est passé de 18 % à 35 % parmi les électeurs du Labour, la parti travailliste. Pour les jeunes de moins de 40 ans, ce soutien est passé de 39 % à 60 % ; pour les électeurs issus d’un milieu ouvrier, le soutien est passé de 41 % à 56 %. Parmi tous ces électeurs, on remarque que les femmes sont de plus en plus nombreuses à soutenir le “Oui” – leur soutien est passé de 33 % à 47 % au cours des quatre dernières semaines.

La possibilité d’une victoire du “Oui” est perçue par de nombreux travailleurs comme une arme pour frapper l’élite politique anglaise tant détestée – cette même élite qui est responsable des coupes dans les budgets sociaux, du gel des salaires et des coupes brutales dans les services publics. La campagne pré-référendum s’est donc changée en une révolte massive de la part des victimes de l’austérité contre leur ennemi de classe.
Car aujourd’hui, en l’absence de toute action de masse organisée par les syndicats contre les coupes budgétaires – malgré l’insistance du Socialist Party, qui réclame de telles actions en tant que stratégie pour battre l’austérité –, le référendum pour l’indépendance est devenu une sorte de substitut à la lutte de classe, reflétant l’immense colère et l’énorme désir de changement social et économique.

Une participation massive

Au fur et à mesure que la date cruciale approche, des milliers de gens font la file devant les mairies partout en Écosse afin de s’assurer qu’ils seront bien inscrits pour le vote. On estime que 300 000 personnes se sont déjà inscrites rien que sur les deux derniers mois. On s’attend à avoir un taux de participation d’une ampleur jamais vue, à plus de 80 %.

L’héritage du thatchérisme, avec ses taxes iniques, la répression de la grève des mineurs, le chômage de masse et la destruction des services publics commis par le parti Tories dans les années ’80 et aujourd’hui – tout cela s’amalgame dans le vote pour le “Oui”. Partout où l’on va et où nos militants discutent avec la population, on entend les gens dire « C’est notre tour à présent ». Le capitalisme britannique est en train de payer le prix de ses crimes passés et présents.

Le rejet de l’élite politique

Les dirigeants du Labour, qui promettent s’ils sont élus de continuer la même politique d’austérité que celle qui est menée par les Tories à présent, sont tout autant détestés que le gouvernement. Lors de chaque assemblée ou meeting que nous organisons, on entend s’exprimer une vive colère et un profond dégout envers Ed Milliband, Alistair Darling et Tony Blair (dirigeants présents et passés du Labour). Cela se retrouve également dans les résultats des sondages : parmi la population, 61 % de gens ne font pas confiance à Alistair Darling (membre du Labour, l’ancien ministre des Finances de Gordon Brown, qui est aussi porte-parole de la campagne “Vivre mieux ensemble”, contre l’indépendance) ; 67 % ne font pas confiance à Ed Milliband (le président du Labour), qui ne s’en sort qu’un tout petit mieux que David Cameron (le Premier ministre actuel, du parti Tory, les conservateurs) qui est officiellement détesté par 73 % de la population.

Mais les dirigeants du SNP (Parti national écossais) n’inspirent guère plus de confiance au peuple. 58 % des Écossais disent se méfier d’Alex Salmond, le président du SNP. La plateforme politique du SNP promet en effet de réduire les impôts pour les grandes entreprises et les multinationales et cherche à trouver un accord monétaire avec la Banque d’Angleterre qui signifiera plus d’austérité, tout en appliquant en Écosse et sans la moindre protestation la politique d’austérité qui leur est aujourd’hui dictée par les Tories. C’est pourquoi les travailleurs ne doivent pas avoir le moindre espoir envers ces politiciens “nationaux”

C’est pour cette raison, comme le Socialist Party Scotland l’avait déjà prédit il y a deux ans, qu’un énorme espace s’est ouvert à la gauche du SNP et des dirigeants de la campagne officielle pour le “Oui”. Le débat autour du référendum a suscité un vif intérêt parmi la population, et aujourd’hui, tout le monde discute de politique : si nous obtenons notre indépendance, comment allons-nous nous y prendre pour construire une Écosse faite de “Bien-être et d’égalité” ? Est-ce que cela signifie que nous allons arrêter les coupes budgétaires, obtenir de meilleurs salaires et sauver les services publics ?
C’est pourquoi nous participons à la grande tournée de Tommy Sheridan, intitulée “L’espoir malgré la peur”. Partout où nous allons, nos divers orateurs sont acclamés, ce qui est en soi une expression concrète de ce désir d’une transformation définitive de la société.

Les meetings organisés dans le cadre de cette tournée sont de véritables assemblées de la classe des travailleurs, vibrant de colère et d’énergie. Tommy Sheridan y prend la parole pour condamner l’élite capitaliste, et pour rappeler que sous l’indépendance, nous pouvons en finir avec l’austérité en nationalisant le pétrole et le secteur de l’énergie, en donnant un salaire décent à tout un chacun, et en interdisant les contrats de travail à “zéro heure”. À chaque fois, il reçoit l’ovation enthousiaste du public.

Tommy Sheridan est devenu un acteur majeur dans le cadre de cette campagne, et ce n’est pas pour rien : beaucoup de gens se souviennent évidemment de son rôle de dirigeant et de militant dans la lutte de masse contre Thatcher dans les années ’80 et ’90 ; mais c’est aussi le résultat du vide immense à gauche, l’illustration du potentiel qui s’offre à nous pour la construction d’un nouveau parti combatif de la classe des travailleurs.

Aucune solution sous le capitalisme

Le Socialist Party Scotland se bat lui aussi pour les réformes et améliorations du niveau de vie de la classe des travailleurs défendues par Tommy Sheridan. Cependant, nous expliquons en plus, de la manière la plus claire possible, que si l’Écosse indépendante demeure dans le cadre du système capitaliste, alors l’austérité se poursuivra. De fait, Alex Salmond et son parti SNP se sont déjà dits prêts à poursuivre les coupes budgétaires après le référendum, quelle qu’en soit l’issue. Seule une politique véritablement socialiste nous permettra de mettre un terme à l’austérité, tel que nous le disons dans notre programme pour une Écosse socialiste que nous avons largement diffusé et présenté tout au long de la campagne.

Le point central de ce programme est la nécessité de forger l’unité de la classe des travailleurs pour riposter contre l’austérité capitaliste, pas seulement en Écosse, mais aussi en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. La solidarité de classe des syndicalistes doit s’exprimer en une campagne unifiée d’action de masse, par la grève générale dans tout le Royaume-Uni : ce n’est que comme ça qu’on pourra recommencer à reprendre du terrain contre la vague de politique antisociale et de privatisations. Un autre point crucial est la nécessité de construire un nouveau parti de masse des travailleurs, qui représentera les intérêts de la majorité de la population – la classe des travailleurs.

L’idée mise en avant par beaucoup de militants de gauche, y compris Tommy, est qu’il serait possible de parvenir à une transition vers une forme de capitalisme plus juste et plus équitable. C’est ce qu’on voit aussi dans la politique de la plateforme du Common Weal (le “Bien commun”), un groupe d’intellectuels de gauche libéral ou socio-démocrate qui propose de copier le “modèle nordique” en vigueur en Norvège, au Danemark et en Suède pour obtenir cette nouvelle Écosse de l’égalité.

Nous avons répondu au Common Weal en expliquant que, vu l’ampleur de la crise économique mondiale, il n’y a aujourd’hui pas la moindre possibilité d’obtenir une amélioration durable et sur le long terme pour la classe des travailleurs dans le cadre du capitalisme actuel. Il nous faut construire un mouvement de masse des syndicats et de la classe des travailleurs au sens large afin de vaincre la politique d’austérité, mais en même temps, il faut que cette lutte soit liée à l’objectif de sortir du capitalisme en mettant en place une politique socialiste conséquente et décisive.

Si le “modèle nordique” a pu être érigé dans les pays scandinaves, c’est uniquement parce qu’après la Seconde Guerre mondiale, ces pays ont connu une situation de croissance économique sans précédent qui a permis aux politiciens socio-démocrates de procéder à une redistribution des richesses dans le cadre du capitalisme. Mais aujourd’hui, le capitalisme est à l’offensive contre l’ensemble de ces acquis sociaux gagnés par la classe des travailleurs, y compris dans les pays scandinaves où le fameux “modèle nordique” est en passe d’être démantelé.

Quelles répercussions ?

Il reste moins de dix jours avant le vote. Le résultat est très difficile à prédire, et tout peut encore changer. Les conséquences d’un vote “Oui” à l’indépendance seront dévastatrices pour l’élite capitaliste britannique, et sans précédent. Cela aura de très nombreuses répercussions et pas seulement au Royaume-Uni. Cameron pourrait se voir contraint de démissionner, le parti Tory (conservateurs) plongé dans la crise, ce qui rendrait encore plus probable le départ de toute une fraction du parti vers la nouvelle formation Ukip (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni, droite populiste nationaliste). Comme le disait Martin Kettle, commentateur politique, ce lundi 7 septembre dans le journal The Guardian : « Ce week-end, c’est l’impensable qui a pris les rênes de la politique britannique. Tous les autres sujets ont perdu tout intérêt. Sans doute ces dix jours ne seront pas les dix jours qui ébranlèrent le monde, comme le disait John Reed dans sa chronique de la révolution russe. Mais ce seront tout de même dix jours qui vont changer notre vie à tous, qui vont ébranler les fondations de l’État britannique et stupéfier sa population ».

Afin d’éviter cette catastrophe, l’élite capitaliste tente de trouver de nouvelles concessions. D’ici jeudi prochain, il faut aussi s’attendre à une nouvelle recrudescence de la part de la campagne d’intimidation anti-indépendance. La reine d’Angleterre s’est déjà déclarée « horrifiée » par le résultat des derniers sondages et « inquiète » pour sa position constitutionnelle en cas de victoire du “Oui”. L’intervention militaire britannique en Syrie ou en Irak qui devrait être lancée le même jour, le jeudi 18 septembre, pourrait également avoir un impact sur le vote. Nous allons également nous retrouver submergés par une nouvelle vague de propagande quant à l’effondrement certain de l’économie et des finances écossaises en cas d’indépendance.

Le Labour se retrouverait lui aussi plongé dans la crise en cas d’une victoire du “Oui”. Comme l’analyse Paul Mason : « Si, le matin du 19 septembre, nous nous réveillons pour apprendre que l’indépendance l’a emporté, le choc parmi l’élite sera terrible. Le Labour sera encore plus traumatisé. Il pourra certainement faire une croix sur l’idée d’un gouvernement à majorité Labour après les élections de 2016 ».

En réalité, si le Labour adoptait un programme socialiste combatif et proposait une alternative bien définie contre l’austérité sans fin, il pourrait facilement obtenir la majorité au parlement – même sans ses députés écossais. C’est l’adhésion sans faille de Miliband et de Ball à la politique capitaliste et aux plans des Tories qui sapent les possibilités pour un éventuel retour du Labour au pouvoir. C’est pourquoi les syndicats doivent prendre plus au sérieux pour aller vers la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs, et se dépêcher.

La “Team Scotland”

La direction du SNP tente à présent d’inclure des dirigeants Labour (comme Alister Darling et Johann Lamont) dans sa “Team Scotland” (“Équipe pour l’Écosse”), en plus de figures publiques issues des Tories ou des LibDem. La Team Scotland est le comité qui devra mener les discussions avec le gouvernement britannique en cas de victoire du camp de l’indépendance, pour obtenir les arrangements nécessaires. Cela fait partie des tentatives du SNP de calmer l’ardeur des travailleurs écossais, qui ont à présent d’énormes attentes et vont demander un changement réel et radical après le référendum.

Les socialistes et les syndicalistes doivent s’opposer à cette approche : il est hors de question de laisser à des politiciens pro-austérité le monopole du débat sur des questions aussi importantes, telles que quelle monnaie nous allons utiliser, ou de quels pouvoirs l’Écosse indépendante bénéficiera. Au lieu de ça, nous exigeons des élections démocratiques à un organe de négociations ouvert à tous, y compris aux candidats socialistes ou issus du milieu syndical, afin de porter la voix de la classe des travailleurs de manière indépendante de la bourgeoisie. Par exemple, nous devons réclamer du Royaume-Uni qu’il rende les 4 milliards volés au financement des services publics par le parti Tory du fait de la politique d’austérité menée depuis 2010.

Quel que soit le résultat du référendum, l’atmosphère est clairement à la combativité : nous ne donnerons plus un penny pour l’austérité ! Même en cas de défaite, environ deux millions de personnes auront voté en faveur du “Oui” à l’indépendance dans l’espoir d’en finir avec l’austérité et avec la baisse constante du niveau de vie. Malgré cela, la direction du SNP promet de poursuivre les coupes budgétaires à hauteur de 3 milliards de livres sterling (2000 milliards de francs CFA) au cours des deux prochaines années. Les syndicats doivent immédiatement appeler à arrêter cette politique en Écosse, en organisant en parallèle une campagne de masse d’action de grève généralisée et coordonnée contre l’austérité.

Le potentiel est là pour aller plus loin

Il est urgent d’agir afin d’utiliser à bon escient l’énorme potentiel que nous avons vu se développer durant la campagne pour le référendum parmi des centaines de milliers de travailleurs qui cherchent une issue à l’austérité. L’excellent accueil qui a été fait à la tournée “L’espoir contre la peur”, couplée à la réemergence de Tommy Sheridan en tant que figure publique majeure nous ouvrent à présent la porte pour renforcer le camp du socialisme après le référendum et de lui donner une expression politique.

Le Socialist Party Scotland participe à l’appel à une conférence de la Coalition des socialistes et syndicalistes écossais prévue le 1er novembre à Glasgow, dont le but sera de rassembler tous ceux qui désirent aider à bâtir une alternative électorale de la classe des travailleurs, anti-austérité et socialiste.

Si le “Oui” devait l’emporter, nous verrons certainement le début du lancement de nouvelles coalitions ou partis de gauche parmi les forces pro-indépendance, notamment de la part de certains éléments de la Campagne pour l’indépendance radicale et de certains intellectuels qui gravitent autour du Common Weal. Mais si ces initiatives se basent sur le programme du Common Weal – et comme lui, ne cherchent pas à s’adresser à la classe des travailleurs –, alors on ne pourra pas dire avec certitude que cela constituera un pas en avant pour résoudre le problème du manque de représentativité politique des travailleurs.

Quel que soit le résultat du vote de jeudi prochain, le terrain politique en Écosse en sortira complètement bouleversé. Notre tâche urgente est de capitaliser et canaliser l’immense colère qui s’est exprimée de manière si frappante lors de cette campagne, afin de lancer une lutte de masse pour vaincre les plans d’austérité et pour renforcer les idées du socialisme en Écosse. C’est à cela que nous devrons nous atteler et consacrer toutes nos forces dès le matin du 19 septembre.

Le Socialist Party Scotland appelle à voter “Oui” à l’indépendance de l’Écosse, et à ce que les pouvoirs conférés par cette indépendance soient utilisés afin de :

  • Nationaliser, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs, les secteurs du gaz et du pétrole, le secteur de l’énergie renouvelable et les secteurs-clés de l’économie écossaise. Cela apporterait des milliards à l’État écossais, que nous pourrions utiliser pour lancer un plan massif d’investissement dans la création d’emplois et pour reconstruire nos services publics.
  • Nationaliser les banques et le secteur de la finance, sous le contrôle démocratique de la classe des travailleurs
  • Renationaliser le gaz, l’électricité, les transports et les secteurs de l’économie nationale qui ont été privatisés.
  • Taxer les riches et les grandes entreprises.
  • Augmenter le salaire minimum et annuler les attaques sur la sécurité sociale.
  • Garantir un salaire décent pour tous, supprimer les contrats “zéro heures”.
  • Sortir de l’Otan. Virer d’Écosse le projet Trident de sous-marins nucléaires britanniques, et virer toutes les armes de destruction massive qui sont entreposées sur notre territoire. Investir à la place dans des emplois socialement utiles.
  • Abolir toutes les lois antisyndicales.
  • Rompre les liens entre les syndicats et le Labour pour construire un nouveau parti de masse des travailleurs.
  • Annuler les coupes budgétaires. Obtenir un gouvernement écossais qui représentera l’ensemble de la population travailleuse, les chômeurs et les pauvres, afin de défendre l’emploi, les salaires, les services publics et les pensions, et de refuser toute coupe d’austérité visant à payer pour la crise.
  • Mettre en place un plan socialiste de production dans le cadre d’une Écosse indépendante et socialiste, partie prenante d’une confédération volontaire socialiste des iles britanniques (avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande réunifiée), en tant que première étape vers une Europe socialiste.

Une foule nombreuse se presse pour venir voir Tommy Sheridan et entendre l’appel à une indépendance socialiste

Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland « Socialist Case For Independence » ont pu compter sur une large audience, avec plus de 18.000 participants au total. Ci-dessus, le meeting de Dundee.

La tournée “L’espoir contre la peur – Un appel socialiste à voter ‘Oui’” a organisé un meeting dans la ville de Dundee ce jeudi 4 septembre. Plus de 500 personnes se sont massées dans la salle pour y entendre nos orateurs. La presse locale a même compté plus de 800 personnes. Les spectateurs ont dû rester debout serrés les uns contre les autres, tandis que 100 personnes sont restées dehors après que nous ayons fermé les portes dix minutes avant le début officiel du meeting, tant la place manquait. Cependant, nous sommes parvenus à organiser à l’improviste une sonorisation pour que les personnes debout et assises dehors puissent entendre ce qu’il se disait à l’intérieur de la salle.

Le meeting a été ouvert par notre camarade du Socialiste Party Scotland (CIO-Écosse), Sinead Daly, qui a expliqué que ce meeting était le 96ème meeting de notre tournée “L’espoir contre la peur”, et que 20 000 personnes étaient déjà venues voir et entendre le socialiste Tommy Sheridan défendre devant elles le “Oui” à l’indépendance de l’Écosse. La participation massive dans toutes les villes, et même dans tous les villages où nous sommes passés en Écosse est le reflet de l’intérêt énorme qui vit parmi la population envers les idées de gauche et la possibilité d’une indépendance socialiste.

« Ce soir, nous allons devoir discuter ensemble, de la manière dont nous pourrions utiliser les pouvoirs conférés par l’indépendance de notre pays pour en finir à jamais avec la pauvreté et pour construire une société pour les millions – pas pour les millionnaires. Nous voulons voir une Écosse indépendante socialiste, bâtie dans les intérêts de la classe des travailleurs », a dit Sinead.

Pour Jim McFarlane, un dirigeant du syndicat Unison dans la ville de Dundee, également membre du Socialist Party Scotland : « À Dundee, 26 % des enfants vivent dans la pauvreté. Ce 18 septembre, des centaines de milliers de travailleurs peuvent enfin rendre leur verdict quant à toutes ces années de coupes budgétaires et de chute du niveau de vie. Je vais voter “Oui”, parce que je suis un syndicaliste et parce que je suis un socialiste.
J’ai travaillé pour le conseil communal avec le Labour au pouvoir, j’ai travaillé pour le conseil communal avec le SNP au pouvoir, et je peux vous dire que lorsqu’il s’agit de procéder à des coupes dans les budgets sociaux, ces deux partis les appliquent sans même la moindre protestation.

Nous menons campagne pour la nationalisation des banques, du pétrole et du gaz, et de tous les secteurs-clés de l’économie. Les pouvoirs de l’indépendance doivent être utilisés afin de garantir un salaire décent pour tous, en finir avec les contrats “zéro heures”, et bâtir une sécurité sociale solide et disposant d’importants moyens financiers.

Il nous faut un nouveau parti de masse des travailleurs, qui défende une politique socialiste, afin de réaliser cette politique dans le cadre de l’Écosse nouvellement indépendante. La seule solution pour échapper à l’austérité brutale, est de construire un mouvement de masse contre les coupes d’austérité et pour une Écosse indépendante socialiste, et de lier ce mouvement à la lutte pour le socialisme en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord comme du Sud. »

Angela McCormick, membre du Socialit Workers party (SWP, section écossaise de la Tendance internationale socialiste, IST), a également pris la parole afin de rappeler le cout scandaleux du projet militaire Trident et tout ce qu’on pourrait faire avec cet argent à la place, en termes d’emploi, d’infrastructure et de services publics.

C’est sous un tonnerre d’applaudissements que Tommy Sheridan s’est levé pour prendre la parole. Tommy a vertement critiqué les politiciens pro-austérité, de Thatcher à sa “progéniture” en la personne, pour en finir avec Ed Milliband : « Je ne lui ferais même pas confiance pour gérer un lavoir, je ne vois pas comment il pourrait gérer un pays ! »

Plus loin dans son discours, il a dit : « Personne en Écosse n’avait voté pour Thatcher, personne en Écosse n’a voté pour Cameron, mais on s’est quand même retrouvés dirigés par ces gens-là. Allez dire à tous vos collègues, à tous vos camarades qui n’ont pas encore décidé quoi voter jeudi prochain, qu’ils n’ont qu’à aller voter “Oui”. Parce qu’après, ils pourront rentrer à la maison, s’asseoir avec leurs enfants, et leur dire : « Mes enfants, grâce à mon vote aujourd’hui, je vous ai sauvé à tout jamais du gouvernement Tory. Ils ne reviendront jamais en Écosse ».

Selon Tommy toujours, « Après l’indépendance, nous allons investir dans toutes ces choses qui sont véritablement importantes pour la population, pas dans des armes de destruction massive illégales et amorales ». Tommy a aussi appelé à la nationalisation de l’économie, à un salaire décent pour tous, à en finir une bonne fois pour toutes avec la pauvreté dans la nouvelle Écosse indépendante. Il a terminé son discours à nouveau dans un tonnerre d’acclamations enthousiastes qui s’est prolongée plusieurs minutes.

Lors du meeting, nous avons vendu 100 exemplaires de notre journal “Le Socialiste” et distribué plus de 300 exemplaires de notre brochure spéciale de 4 pages sur le référendum. Des centaines de livres sterling ont aussi été données par les participants dans les seaux de collecte que nous avons tenus à la sortie du meeting.

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