L’apparition d’un nouveau joueur sur le terrain politique est l’enjeu de la prochaine campagne électorale du CAP. La contradiction fondamentale dans cette société est celle qui oppose les salariés et les capitalistes. Dans une formule plus fréquemment utilisée mais plus vague, on parle aussi de la contradiction entre les riches et les pauvres.
Bart Vandersteene
Les capitalistes ont un éventail de partis politiques grâce auxquel ils peuvent utiliser différentes tactiques pour contrôler la société. Ces partis veulent tout faire pour éviter que de nouvelles alternatives se dressent. Soit les partis des travailleurs sont neutralisés en achetant et en intégrant la direction (comme cela a été fait jadis avec le Parti Ouvrier Belge, puis le PS) soit on les élimine.
Via les sytèmes électoraux, les seuils électoraux et le financement des partis, tout est fait pour éviter que de nouveaux partis, et surtout des partis de travailleurs, puissent se développer.
Ainsi, un seuil electoral de 5% a été introduit (avec l’accord des partis verts !), ce qui rend encore plus difficile de décrocher des élus.
Par ailleurs, les partis représentés au parlement sont largement financés par des donations publiques et peuvent construire toute une structure de parti sans devoir récolter un euro dans la société. Nous ne pensons pas que les partis ont besoin des moyens financiers de l’Etat. Que ces partis recoltent leurs ressources au sein des couches de la population qu’ils souhaitent représenter, afin que chacun puisse constater que « chaque parti parle la langue de celui qui le nourrit ! » (comme disent nos amis flamands).
Réactions des autres partis
Plusieurs partis ont déjà réagi au lancement du CAP. Le SP.a a essayé de nettoyer un peu son image en annonçant que, grâce à lui, des travailleurs seraient de nouveau envoyés au parlement. Cela a été généralement perçu comme une démagogie électorale qui ne change rien à la politique du SP.A.
Le PTB a répondu à une demande de syndicalistes pour collaborer avec le CAP. Le PTB reconnaît qu’il existe un vide énorme à gauche mais espère le remplir entièrement à lui tout seul en misant tout sur une logique électorale qui prend de plus en plus d’importance dans ce parti. Voilà pourquoi le PTB ne s’intéressait qu’à une participation de Jef Sleeckx sur les listes. L’idée d’un cartel à Anvers a été écartée lorsque Jef a expliqué que, vu son âge, il n’était guère enthousiaste à l’idée de se présenter sur une liste.
Groen ! a aussi pris contact avec le CAP et lui a fait une proposition soi-disant généreuse, mais présentant peu de risques pour lui. Le CAP occuperait les 4e, 5e, 6e et 7e places sur toutes les listes de Groen ! en Flandre. L’écrasante majorité du CAP n’a pas manifesté d’enthousiasme car cela aurait signifié lier politiquement le CAP à un parti généralement perçu comme s’étant brûlé au pouvoir.
Le défi du 10 juin
Le CAP a surmonté ensemble ces obstacles politiques. Le développement d’un nouveau parti ne se fait pas du jour au lendemain mais sera le résultat d’un processus où toutes les organisations et tous les individus traverseront une période d’expérience commune et acquièreront la confiance nécessaire pour aller au-delà d’une simple participation électorale. Voilà l’enjeu de notre campagne électorale.
Cette fois-ci, nous ne pouvons pas encore attendre une grande percée électorale. Mais nous pouvons fonder les bases nécessaires pour l’expression politique d’un développement irréversible dans la société, à savoir la montée des luttes contre le néolibéralisme.