Résistance exemplaire des ouvriers de BM&S.

Ce mercredi 03 septembre, les 14 ouvriers de BM&S ont une nouvelle fois réussi à maintenir un arrêt de travail au complet dans leur boite. Un piquet qui résiste malgré des attaques de toutes parts.

Par Laure (Bruxelles)


Une action de solidarité avec les travailleurs de BM&S et en défense des libertés syndicales est prévue aujourd’hui à 15h à Bruxelles, face au Tribunal de première instance, chambre néerlandophone (Bâtiment Montesquieu) Rue Quatre Bras n°13.


 

Petit retour en arrière.

La société BM&S, remplace depuis le 1er avril, une autre société sous-traitant le service de nettoyage des trains à la SNCB (illustration d’une politique de privatisation progressive des services publics dans laquelle la SNCB s’inscrit depuis de nombreuses années). Les ouvriers, fraichement salariés de BM&S, travaillent depuis des années pour différents employeurs mais toujours au service de la SNCB.

Lorsque leur nouvelle direction s’est pointée, elle leur a promis de ne pas toucher aux contrats et de rapidement engager les trois intérimaires alors présents, procédure normale après plus d’un an et demi de loyaux services aux côtés de leurs collègues.

Quand les deux délégués ont regardé de plus près aux contrats et ont commencé à pointer du doigt des éléments pas clairs mais surtout de fausses promesses concernant leurs collègues intérimaires, la direction de BM&S a fait mouche et a tout de suite contre-attaqué en leur portant de fausses accusations pour les discréditer.

Ainsi, mi-août, alors que l’un d’eux était en vacances, la direction a voulu elle-même faire le nettoyage. Elle les a alors licenciés pour fautes graves sans aucune forme de procès, et a fait de même pour les trois intérimaires. Le même jour, elle engageait 8 nouveaux intérimaires, sans doute pour renouveler une équipe qui, selon elle, commençait à un peu trop bien se connaitre.

Le 21 aout, après cette annonce, les travailleurs solidaires sont directement entrés en grève pour soutenir leurs collègues et les faire immédiatement réintégrer. La direction n’a rien voulu entendre. Pire, elle engagea les 8 intérimaires sous CDD d’un mois pour être dans son droit, et tenter de remplacer les grévistes. Pour ce faire, elle envoyait un huissier et 40 candidats au travail pour intimider ces derniers et les forcer à céder leur place.

Heureusement, les ouvriers ne sont pas dupes et grâce à la solidarité de personnes venues les soutenir, et grâce à leur détermination, personne n’a pu entrer travailler ce jour-là.

Le lendemain, la direction proposait des négociations pour le lundi suivant, les travailleurs ont alors accepté et levèrent le piquet. Seulement, la contrepartie n’en était pas une et il n’était pas question pour leur hiérarchie de réintégrer leurs 5 collègues. Alors, fidèles à leur mot d’ordre de n’arrêter la grève que quand ils auraient obtenus satisfaction, les ouvriers ont directement repris leur grève.

En même temps, un jugement inédit était rendu, infligeant une astreinte de 10 000€ à la ville de Bruxelles et à la commune de Schaerbeek si elle ne faisait pas imposer par la police la levée du piquet de grève.

Ce mercredi 03 septembre, la direction a de nouveau fait irruption au piquet armée cette fois-ci d’un huissier, et de trois fourgons de police, déterminée à faire travailler les CDD qu’elle avait mobilisés.

Et contrairement à ce que l’on pouvait lire dans la presse bourgeoise, aucun des ouvriers ne s’est mis dans son tort face à la loi, bien que terriblement injuste à l’égard de leur droit de grève. Seulement, après discussions avec leurs collègues non-grévistes et les forces de l’ordre, ils ont réussi une nouvelle fois à les faire reculer.

Le piquet a repris aujourd’hui, et les travailleurs se rassembleront au palais de justice. Ils y font appel de la première ordonnance leur imposant la levée du piquet de grève.

Les leçons de cette lutte qui n’est pas finie.

Tout d’abord, les attaques auxquelles font face les travailleurs de BM&S, que cela soit les licenciements abusifs ou les tentatives de casser leur grève, montrent à quel point le patronat est déterminé pour casser le droit du travail et toute forme de résistance face à ses plans.

La logique dans laquelle sont menées ces attaques s’inscrit d’une part dans cette volonté patronale de réduire les coûts et de se doter d’une main d’œuvre flexible, précaire et surtout docile à souhait. D’autre part, elle s’inscrit dans une politique gouvernementale menée depuis des années par l’ensemble des partis au pouvoir, qui soutiennent cette volonté patronale en lui facilitant la tâche.

En effet, les privatisations progressives de nombreux pans des services publics permettent de casser les conditions de travail, les normes salariales, et de diviser les travailleurs en des entités plus petites et donc à priori plus maitrisables.

Ensuite, on assiste depuis des années à des atteintes de plus en plus féroces au droit de grève. En condamnant systématiquement les grévistes par des astreintes faramineuses, en les intimidant par la présence quasi-systématique des forces de l’ordre, en autorisant l’engagement d’autres travailleurs les jours de grèves, la justice montre dans quel camp elle se trouve et s’est toujours trouvé : celui des capitalistes contre les travailleurs.

Ainsi, la détermination des salariés de BM&S, leur solidarité face à toute épreuve, leur ont donné raison, et ça n’est pas sans mal qu’ils poursuivent leur lutte, décidés à obtenir la réintégration de leurs collègues.

Nous les soutenons pleinement dans leur combat et nous vous invitons tous à en faire autant. Pour mener à bien leur lutte jusqu’à la victoire, ils ont besoin de soutien. Cette nouvelle lutte chez un sous-traitant de la SNCB (après notamment ISS) pourrait être l’occasion d’un mouvement plus large au sein de l’ensemble des cheminots. D’une part car la scission du groupe en un nombre incalculable de sous traitants est un recul pour les travailleurs (conditions de travail, division,…) mais en plus le groupe connaît un nouveau plan de gestion qui accentue les problèmes et les pénuries. En 10 ans la productivité aurait doublée avec 3000 travailleurs en moins. La direction de la SNCB avec les gouvernements successifs prépare la privatisation complète du rail avec les détériorations sur le service, pour les usagers (prix, suppressions de gares et de lignes …) et pour les travailleurs, comme le montre une nouvelle fois BM&S.

De plus l’attitude de la direction devrait être de nouveau un signal pour le monde du travail : le patronat, d’ailleurs avec le gouvernement kamikaze, se prépare de nouveau et de manière profonde à attaquer les droits syndicaux. Si le recours aux huissiers se généralise, le service minimum s’impose à la SNCB, ce sont les droits et les moyens de luttes de tous les travailleurs qui seront minés.

Le combat ne s’arrête donc pas là. Le scénario BM&S se répètera tant que les sociétés sous-traitantes continueront de s’enchaîner, se vendant à moindre coût en vendant pour cela la peau de leurs travailleurs. Ce service est un service de la SNCB, les ouvriers doivent donc, comme leurs collègues cheminots, être employés sous les mêmes conditions.

  • TOUS ENSEMBLES SOYONS SOLIDAIRES AVEC LES SALARIES DE BM&S !
  • POUR LA RÉINTÉGRATION IMMÉDIATE DES 5 OUVRIERS, DÉLÉGUÉS ET INTÉRIMAIRES, AVEC DE VRAIS CONTRATS ET DE VRAIS SALAIRES !
  • POUR LA RÉINTÉGRATION DE L’ENSEMBLE DU SERVICE DE NETTOYAGE A LA SNCB !
  • MÊME TRAVAIL, MÊMES SALAIRES, MÊME COMBAT !
  • STOP A LA PRIVATISATION DES SERVICES PUBLICS !
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