Au moins 95% des 250 participants à la deuxième conférence du Comité pour une Autre Politique ont éliminé les derniers doutes existant sur la participation de l’initiative aux élections. Aux élections fédérales de juin, il y aura des listes « CAP » en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles.
Eric Byl
Un premier pas le 28 octobre
Le caractère de la conférence du 3 février était différent de celui de la conférence de fondation du 28 octobre. Le but de cette dernière avait été de tester la réponse que pouvait recevoir un appel pour une nouvelle formation ploitique large devant offrir une voix à ceux qui sont aujourd’hui réduits au silence.
La mobilisation était en quelque sorte plus importante que les décisions. Le MAS/LSP avait à ce titre livré une belle contribution en mobilisant presque 300 personnes – membres, sympathisants, collègues, amis,… – sur un total de 650 participants.
Le 28 octobre, il fallait commencer par installer la confiance entre des personnes et des groupes ayant parfois des origines et des perspectives assez différentes, balayer les préjugés et poser les bases de la coopération. Les différences politiques n’ont pas réellement été discutées en profondeur lors de cette réunion. Résultat : des groupes de travail où le but n’était pas toujours clair – et où la clarification des idées a parfois dû céder la place à des développements académiques longs et inutiles -, des réunions plénières où beaucoup de temps a été consacré à des contributions allant dans toutes les directions (y compris parfois dans des directions bizarres) et ensuite un sentiment de déficit démocratique.
La conférence du 28 octobre a tenté de réconcilier deux orientations opposées: un “regroupement de la gauche radicale” et la création d’une “nouvelle formation large” qui réponde à l’absence d’une représentation politique des travailleurs, de leurs familles et des autres opprimés. Beaucoup sont restés sur leur faim avec des sentiments partagés après cette conférence.
Le MAS/LSP a tiré de cette conférence un bilan critique sans perdre de vue qu’il s’agissait d’une étape insuffisante, mais sans doute nécessaire, que le mouvement devait dépasser.
La conférence du 3 février avait une autre tâche. L’accent n’a pas été mis sur la mobilisation, mais sur la discussion du contenu du programme électoral et, évidemment, sur la façon dont le CAP allait participer aux élections.
Plus de clarté après VW
Ce progrès n’a été possible que parce que beaucoup de choses ont été clarifiées depuis la conférence du 28 octobre,. La grève chez VW, la manière dont cette lutte s’est développée et l’intervention du CAP dans le comité de soutien ont illustré en pratique que le défi de la période à venir n’est pas de “regrouper” la petite gauche radicale, mais au contraire de remplir le vide laissé par l’absence d’une formation politique assez large, ouverte et crédible.
Les événements de VW ont été presque un laboratoire pour toute la société : l’emploi, les conditions de travail, la sécurité sociale, l’utilisation des moyens publics, la fiscalité, l’environnement, la pauvreté,… toutes ces questions y ont été posées.
Ce conflit a illustré la confrontation directe entre la vieille politique traditionnelle de cadeaux aux patrons, d’assainissements et de plans de démantèlement social et une autre politique orientée vers le maintien de l’emploi, des conditions de travail et de salaire. A VW, cela s’est exprimé clairement dans un conflit entre, d’un côté, le patron, le gouvernement et malheureusement une grande partie des dirigeants syndicaux et, de l’autre, la majorité des travailleurs soutenus par une partie des délégués syndicaux, surtout de la FGTB.
Le CAP a clairement choisi son camp et coopère avec les “rebelles” pour élaborer une stratégie combative et intervenir de manière active dans la lutte.
Relations avec Une Autre Gauche
Nous sommes arrivés à une fin (provisoire ?) des chamailleries avec le groupe francophone Une Autre Gauche (UAG). La différence d’orientation entre UAG et le CAP a été visible lors du conflit à VW, dont UAG a largement sous-estimé l’importance. Pour eux, la grève de VW n’était qu’une occasion parmi d’autres de mettre à l’agenda le “regroupement politique de la gauche”.
UAG a décidé à sa dernière assemblée générale de mettre en veilleuse les relations avec le CAP, officiellement parce que le MAS/LSP avait décidé “sans autorisation” (dans ces termes-là !) de mettre sur pied des noyaux du CAP en Wallonie. En fait, UAG exige du CAP un fonctionnement bureaucratique et antidémocratique similaire au sien. Rien d’étonnant donc à ce qu’UAG ne réussisse pas à impliquer dans son “regroupement de la gauche” les seules formations de la gauche radicale ayant une implication dans les entreprises et les quartiers, c’est-à-dire le PTB/PvdA et le MAS/LSP. UAG s’est déclarée opposée à une participation électorale et n’envisage éventuellement de présenter une liste pour la Chambre que dans le Hainaut (mais même cela nous semble improbable).
La conférence du 3 février a enregistré une présence significative du CAP francophone. À Liège, dans le Hainaut ou en Brabant wallon, les sections actives du CAP s’élargissent rapidement. Il manque encore des figures publiques comme Jef Sleekx, Lode Van Outrive et Georges Debunne, mais le potentiel pour une nouvelle formation y est au moins aussi grand qu’en Flandre.