Israël. Des travailleurs intérimaires et sous-payés envahissent le siège du syndicat officiel.

Une centaine de travailleurs contractuels des services postaux ‘Do`ar Israel’ ont mené, la semaine passée, une action de protestation devant le siège central de la fédération des syndicats à Tel Aviv. Cette action exprimait le profond dégoût et colère que ressentaient ces travailleurs par rapport au rôle du syndicat Histadrut et de la trahison de la lutte par sa direction.

Par Shahar Ben-Khorin

Les travailleurs sont en lutte pour des emplois statutaires, pour mettre fin aux conditions précaires et contre l’arrogance et le mépris de la direction. Dans cette entreprise, les travailleurs sont juifs et arabes. Beaucoup d’entre eux travaillent sous des contrats intérims et ce pour certains depuis 15 ans. Cela est le cas d’énormément de travailleurs israéliens qui sont employés par MANPOWER, entreprise assoiffée de profit. Au sein de la poste, les employés sont payés selon le nombre de lettres qu’ils traitent et non selon leur temps de travail. La plupart de ceux-ci rentrent alors chez eux à la fin du mois avec environ NIS 3000 (545euros). Le salaire minimum officiel est de NIS 3585 (650 euros), ce qui en réalité ne couvre à peine que les coûts de base du logement et de la nourriture.

La fédération syndicale Histadrut, a toujours dit être contre ce type d’agences Manpower, qui en réalité aujourd’hui emploient plus ou moins 10% des travailleurs en Israël. Ce qui est certain c’est que Histadrut n’a pas voulu organiser de lutte sérieuse, mais pire encore, il y a trois ans, la direction du syndicat a signé un accord avec Manpower qui fait que le syndicat reçoit un petit pourcentage prélevé sur le salaire de l’intérimaire. Cela est donc le cas pour ces employés postaux mais en plus ceux-ci ne sont même pas reconnus comme des membres à part entière du syndicat.

Le dirigeant actuel d’ Histadrut, Ofer Evni, avait promis que la fédération lutterait pour des contrats indéterminés pour les travailleurs des services postaux. Mais Histadrut n’organisa rien pour tenir sa promesse. En fait, la direction du syndicat a fait un deal, l’année passée, avec la direction de la poste, qui stipule que les travailleurs n’obtiendrait pas de contrats fixes s’ils entamaient des actions. Les travailleurs, dont beaucoup sont des femmes, ont surmonté leur peur d’être licenciés en prenant part à des actions durant leur temps de travail. Ils décidèrent par exemple de se rendre au siège central de la fédération syndicale pour amener la bureaucratie syndicale à se positionner.

Le dirigeant du syndicat se cache dans son bureau.

Une foule de travailleurs s’est donc rassemblée devant le siège de la fédération, criant des slogans tel que : ‘L’Histadrut est la maison des travailleurs mais la clique autour d’Eyni’s est en train de la détruire’. Après un court laps de temps, les travailleurs décidèrent d’envahir le bâtiment pour exiger d’être reçus par Eyni. Les portes massives du bureau d’ Enyi étaient fermées et on expliqua aux manifestants que celui-ci était absent. Il y eu certaines rumeurs, non confirmées, comme quoi il était dans le bâtiment mais refusait de recevoir les travailleurs.

Un autre dirigeant d’Histadrut, Jihad Akel, qui est un membre du parti communiste, Hadash, est venu pour parler avec les manifestants. Hadash fait parti de la coalition dirigeant Histadrut. Akel déclara qu’il soutenait leur lutte et se positionna contre les agences de type Manpower. Mais en même temps, il donna tout son soutien à Enyi. Les travailleurs avait déjà entendu quelque chose comme ça auparavant et se mirent à chanter ‘Eyni est un traitre. Est-ce que les travailleurs ne comptent pas?’

Akel accusa alors les travailleurs d’être venu ici sous l’injonction du management de la poste. Quand un des travailleurs protesta contre cette calomnie, le dirigeant syndical lui dit de la fermer. Les travailleurs demandaient autre chose que des promesses creuses. Un peu après, la direction d’Histadrut promit d’organiser une série de meetings avec les travailleurs afin de discuter d’une campagne. La manifestation devant le siège du syndicat fut couverte largement dans les médias. Des prochaines actions sont déjà planifiées. Les travailleurs de la poste sont extrêmement exploités et font face à un management très vicieux. Maavak Sotzialisti, la section israélienne du CIO, appelle les syndicalistes et socialistes du monde entier à envoyer des messages de solidarité à DOAR@MAAVAK.ORG.IL

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