NATION: un groupuscule dangereux. Comment le combattre?

Dans le petit monde des fascistes francophones, NATION n’a pas l’impact électoral du Front National mais ce groupe veut donner la priorité à la formation de cadres politiques et à la présence sur le terrain, y compris en tentant de s’infiltrer dans des manifestations de gauche. Quel est son projet et son programme et quel danger représente-t-il ?

Karim Brikci et Laure Miège

Origines et méthodes

NATION trouve ses origines dans des groupuscules néo-fascistes violents des années 70-80 comme l’Assaut et AGIR. Il puise ainsi sa tradition dans la haine raciale et les actions violentes.

A titre d’exemple, un de ses dirigeants, Hervé Van Laethem, a été un des dirigeants historiques du groupe violent L’Assaut (en lien avec les milices privées illégales du VMO), créé dans les années 80 et dissout en 1993. Ensuite, le groupe autour de Van Laethem a notamment formé le « comité d’Action Rudolf Hess – Belgique » à la mémoire de ce dirigeant nazi et, en 2001, « le comité des nationalistes contre la mondialisation » avec lequel Nation a organisé différentes actions. Lors de celles-ci, les militants de Blood&Honour étaient présents ainsi que le NSV (l’Alliance des Etudiants Nationalistes flamands). Ces organisations ont par exemple essayé, en 1997, d’attaquer physiquement un rassemblement de Blockbuster (notre campagne antifasciste) à Bruges.

En retour, NATION participe à la manifestation annuelle du NSV (voir page 12) et a aussi co-organisé différentes activités et actions contre la Gay Pride, la multiculturalité, l’avortement, et pour « la défense et la remise à l’honneur des valeurs telles que le travail et la cellule familiale ».

Ceci laisse transparaître leur réel programme mais surtout le caractère fondamental qui le caractérise : la construction d’une milice néofasciste.

Défenseurs des travailleurs ?

En parallèle, le groupuscule tente de se profiler comme une organisation honnête défendant les droits des travailleurs belges. Ainsi, on a pu les voir pour la première fois dans une manifestation massive de travailleurs, celle du 2 décembre en solidarité avec les travailleurs de VW, distribuant des tracts sous le nom de « Gauche Nationale » sans évoquer leurs revendications racistes et xénophobes.

En effet, cette organisation, se revendiquant du national-socialisme, prétend combattre le capitalisme et défendre les droits sociaux en proposant une politique nationaliste d’extrême droite.

Plus encore que le FN, NATION avance doublement masqué. D’une part, il cache son programme violemment anti-ouvrier derrière un profil anticapitaliste. D’autre part, depuis sa condamnation pour racisme, une partie de son programme politique – les attaques les plus ouvertement racistes, sexistes et homophobes – n’est plus disponible sur son site internet parce que censurée par le tribunal.

Ce qui reste visible en dit pourtant encore long sur ses intentions :

  • « Combattre l’Etat syndical par le développement de nouveaux syndicats et la mise en place de systèmes de concertation en vue de prévenir les conflits »
  • « Lutte contre l’absentéisme au travail par plus de contrôles. »
  • « Suppression de l’avortement »
  • « Imposition d’un couvre-feu pour les enfants de moins de 16 ans »
  • « Création de corps de discipline au sein des établissements scolaires […] Ce Corps aura le droit de contrôler l’entrée des élèves ainsi que celui de fouiller leurs affaires.»
  • « L’arrivée massive d’une jeunesse issue de l’immigration est certainement une des causes majeures d’un grand nombre des problèmes apparus récemment dans le monde de l’enseignement.»

Dans ce programme public, NATION garde une certaine retenue mais on voit quand même bien que dans la société qu’ils souhaitent, les droits des travailleurs, des jeunes, des femmes, des immigrés,… seraient réduits au strict minimum. Mais, quand ils peuvent défendre l’intégralité de leur programme (comme sur les forums où leurs membres « se lâchent »), leur politique apparaît pour ce qu’elle est vraiment : violente, raciste, antisociale et pro-nazie.

Le défi de NATION

NATION se concentre sur la construction d’un parti de cadres formés militairement et politiquement et capable de mener à bien la « révolution des peuples européens ». Ils cherchent à recruter et à être présents sur le terrain, font des stands, produisent un journal et organisent des journées de formation « politique ». Depuis quelques temps, NATION a engagé une dynamique de construction sérieuse qui doit faire pâlir plus d’une chemise brune.

Par rapport à l’extrême droite francophone, dans un article titré « Nettoyons devant nos portes», NATION évoque les derniers scandales de détournements de fonds au FN et désigne Féret comme le principal obstacle à la construction d’une force politique crédible. Pour eux, l’unité néofasciste passe d’abord par l’éviction de Feret.

Ils ont donc entamé, à côté de leur propre construction, des démarches unitaires avec différents groupes ou partis d’extrême-droite comme par exemple avec le FNB (Front Nouveau de Belgique) qui leur a permi d’obtenir un élu sur cette liste à Verviers.

Comment les combattre?

Il est évident que les groupuscules du type NATION sont un danger par les idées politiques haineuses qu’ils propagent et les actions qu’ils organisent. Nous devons les dénoncer en montrant leur vrai visage et les empêcher d’avoir la voie libre dans les quartiers.

Mais la croissance de l’extrême droite est alimentée par la politique néolibérale et antisociale menée par les partis traditionnels partout en Europe. Beaucoup de votes pour l’extrême-droite et d’affiliations à ces organisations résultent d’une difficulté de plus en plus grande à vivre décemment. Les partis d’extrême-droite ont alors beau jeu de se profiler comme la seule et vraie opposition alors qu’ils sont en réalité porteurs d’une politique encore plus violente et encore moins sociale. Ce n’est pas en les faisant condamner pour racisme par les tribunaux ou en multipliant les discours moralistes et culpabilisants (« Nos différences nous enrichissent », « Il ne faut pas rejeter l’autre et sa culture ») que nous stopperons leur croissance.

Nous devons expliquer que la cause de la montée du chômage, du manque de logements, des difficultés scolaires,… se trouve dans la course au profit maximum, la concurrence à outrance, la liquidation des services publics, c’est-à-dire dans la politique néo-libérale qu’on nous impose depuis trente ans.

Et que, pour en finir avec cette politique, il est essentiel de construire une alternative combative à gauche, un parti dans lequel jeunes et travailleurs pourraient s’organiser et lutter ensemble pour défendre leurs intérêts, sans distinction de sexe ou d’origine.

Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons transformer en réalité notre slogan : NO PASARAN !

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