Chimie à Anvers: Bayer/Lanxess & Agfa-Gevaert
Renault, Ford et dernièrement VW ont illustré les difficultés d’arrêter la direction d’une multinaltionale quand celle-ci décide de faire baisser les coûts salariaux. Mais à côté des nombreuses défaites existent ausi quelques victoires partielles importantes.
Ainsi, la direction d’Agfa-Gevaert (4.000 travailleurs) vient de renoncer à un plan de départs obligatoires d’ouvriers, cinq mois après l’annonce d’une réorganisation. En août, elle avait pourtant déclaré qu’il fallait encore diminuer le personnel de 405 ouvriers. Après presque 6 mois de discussion avec les centrales syndicales des ouvriers, les négociations ont échoué.
Les syndicats sont convaincus qu’à travers des prépensions classiques – 56 ans pour les travailleurs en équipes et 58 ans pour les autres – 230 emplois vont disparaître d’ici 2010. De plus, 20 ouvriers ont déjà quitté l’entreprise et une solution pourrait être trouvée pour 60 autres ouvriers en étalant dans le temps la sous-traitance. Par contre, les syndicats refusent un plan social prévoyant le départ obligatoire de 100 ouvriers puisqu’ils ont appris par la direction elle-même que l’usine de Mortsel (le plus grand site d’Agfa-Gevaert) a momentanément un gros cahier de charges. Pour les employés, que la direction voulait amputer de 333 travailleurs, il était prévu d’appliquer des prépensions à 52 ans. Ceci devait se passer conformément aux règles du Pacte des Générations, c’est-à-dire avec une cellule de reconversion et une disponibilité obligatoire pour n’importe quel emploi. Les syndicats ont refusé ces propositions et s’opposent à toute perte d’emploi sèche durant les quatre prochaines années.
C’est la deuxième petite victoire des syndicats sur le patronat de la chimie en quelques semaines seulement. Il y a déjà deux mois, le 4 décembre dernier, la direction de Lanxess (1.050 travailleurs) a retiré son intention de scissioner l’entreprise en trois entités distinctes.
En 2003, Lanxess a été séparée de Bayer (900 travailleurs). Ainsi, deux entités juridiques ont été créés mais dans une seule unité d’entreprise technique (avec, donc, le maintien d’une seule délégation syndicale et des élections sociales communes). Une clause de garantie d’emploi a alors été négociée. Si la direction ne respecte pas cette clause, elle s’engage à payer une indemnisation de 4 semaines de salaire par année d’ancienneté aux travailleurs (avec un minimum de 26 et un maximum de 104 semaines pour les ouvriers et, pour les employés, un minimum de 9 mois et un calcul correspondant à la formule Claeys). De plus, une imdemnisation morale forfaitaire de 17.500 euros s’ajoute pour les travailleurs et les employés barémiques engagés au moment de la conclusion de la CCT.
Mi-octobre, la direction avait annoncé une scission supplémentaire de Lanxess. Ainsi, elle voulait tripler ses options en cas de restructuration. Les syndicats ont tout de suite organisé une campagne de sensibilisation. Des calicots pendus dans l’entreprise, une série de tracts et de réunions d’information liée à des grèves éclairs ont illustré qu’ils n’allaient pas facilement avaler cela. Cette campagne, combinée au coût d’une restructuration due aux accords prévus dans la CCT concernant les indemnisations de licenciements, a poussé la direction à reculer sur ses intentions.