La campagne ‘‘Un de nous’’ est une initiative ‘‘citoyenne’’ européenne pour protéger l’embryon lancée en mai 2012. Il s’agit clairement d’une association ‘‘pro-vie’’, derrière laquelle se cachent les réactionnaires anti-avortement Gregor Puppink, Directeur de l’ECLJ (European Center of Law and Justice), qui en est le représentant officiel et intervient dans toutes les affaires religieuses devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et Ana Del Pino, coordinatrice européenne de la campagne. Cette dernière est également vice-secrétaire générale de la Fédération Espagnole des Associations pour la Vie.
Par Cathy (Liège)
Le but du mouvement est de ‘‘mettre fin au financement des activités qui impliquent la destruction d’embryons humains, en particulier dans les domaines de la recherche, de l’aide au développement et de la santé publique’’, notamment des ONG en charge des droits sexuels et génésiques, comprenant les avortements. Il se base entre autres sur l’arrêt Brüstle de 2011, décidant ‘‘l’exclusion de toute intervention biotechnologique impliquant l’utilisation ou la destruction d’embryons humains.’’ Le mouvement demande simplement que la Commission reste cohérente et étende cet arrêt précis à tout domaine.
Il s’agit d’une attaque franche de l’accès à tous à l’éducation à la vie relationnelle, sexuelle et affective, à la contraception, à l’avortement pratiqué dans des conditions médicales et sanitaires adéquates.
La campagne a provoqué la surprise : le 29 octobre 2013, plus de 1.579.000 signatures avaient déjà été récoltées en Union européenne, avec un succès particulièrement visible en Roumanie, à Malte, à Chypre et même aux Pays-Bas, mais également dans les 24 autres pays ! Le 28 mai 2014, la Commission européenne a rejeté le projet de loi du mouvement, mais ‘‘Un de Nous’’ étudie cependant déjà un recours auprès de la Cour européenne.
Ce genre d’initiative pro-vie, tout comme les mouvements contre le mariage pour tous, doivent nous mettre en alerte ! Nous assistons à un retour extrêmement dangereux des idées réactionnaires. L’argument de ‘‘protéger la vie’’ en interdisant l’avortement est de plus caduque au vu du nombre de décès de femmes à travers le monde lorsque l’avortement est pratiqué clandestinement. L’avortement se pratique, dans la légalité ou non.
Certaines figures de proue du mouvement ‘‘pro-vie’’ tentent aussi d’instrumentaliser l’euroscepticisme largement répandu en qualifiant le rejet du projet de loi comme étant un ‘‘rejet de la démocratie participative’’. Une belle ironie au vu du nombre de militants ouvertement d’extrême-droite qui figurent dans ses rangs…
Environ 140 élus de cette mouvance viennent de faire leur entrée au Parlement européen: soyons en alerte! Prenons garde à créer un Front de Résistance pour défendre les droits des femmes en faisant clairement le lien avec la lutte contre la politique d’austérité, notamment impulsée par l’Union européenne. La défense du droit des femmes à disposer de leurs corps et à disposer d’un libre choix est liée à la défense de nos conquêtes sociales et de nos services publics.
– Pour un plan massif de construction de crèches et d’écoles publiques
– Pour un plan massif de construction de logements sociaux
– Pour la réduction collective du temps de travail : 32h/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires
– Pour l’augmentation des allocations
– Pour une contraception gratuite à tous âges
– Pour l’augmentation des moyens publics pour les centres de planning familial, les centres d’avortement,…
Jamais nous ne voyons les militants prétendument ‘‘pro-vie’’ se mobiliser pour ces revendications ! Ils ne sont présents que devant les centres pratiquant des Interruptions Volontaires de Grossesse afin d’y culpabiliser les femmes qui s’y rendent (ce qu’ils font à Gand, par exemple). Nous ne pouvons pas rester sans réponse face à la diffusion de leurs idées et devons nous organiser pour empêcher leurs actions d’intimidation !