Luttons pour défendre nos acquis, luttons pour le socialisme!

Patronat, FEB, gouvernement fédéral, régions, partis traditionnels, Bureau du plan, Commission Européenne, Banque Nationale, FMI, OCDE… Plus un jour ne passe sans que des politiciens ou une institution ne pointent du doigt un acquis social à démanteler. Et il ne faut pas s’attendre à autre chose du prochain gouvernement d’austérité, que ce soit avec ou sans le PS ou la NVA En contrepartie, ce système a-t-il quelque chose de radieux à nous offrir pour notre avenir ? Rien du tout !

Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

Au lendemain du 25 mai, de nombreux analystes avaient caractérisé à juste titre les élections européennes ‘‘d’élections du rejet’’, tant les partis traditionnels, et les partis gouvernementaux en particulier, ont subi une défaite criante. Les résultats électoraux ont exprimé l’absence de confiance de la population envers la capacité des dirigeants à proposer des perspectives d’amélioration aussi bien sur le plan économique que social.

Comment pourrait-il en être autrement lorsque sont remis en question tous les pare-feux de l’Etat-providence, pourtant censé permettre à chacun de vivre décemment quels que soient les aléas du quotidien ? L’indexation des salaires, qui n’a pourtant comme seul effet de compenser partiellement l’augmentation du coût de la vie, serait ‘‘à supprimer’’. Le droit à des allocations décentes pour les travailleurs sans emploi seraient ‘‘à restreindre drastiquement’’. Les services, pour peu qu’ils soient encore publics, sont quant à eux ‘‘à rentabiliser, comme une entreprise privée’’… La liste est très longue, et c’est comme si nous étions condamnés à lutter sur tous les fronts pour défendre nos conditions de vie et arracher des concessions de plus en plus maigres.

Un retour à une période de ‘‘glorieuses’’ est-il encore possible ?

Nous entendons régulièrement des chroniqueurs raconter que les nouvelles générations vivront moins bien que les précédentes, elles qui ont connu des périodes de croissance permettant à chacun de gagner un peu de confort. En particulier, la référence est faite aux ‘‘30 glorieuses’’, durant lesquelles le boom économique d’après-guerre a permis l’acquisition de nombreuses avancées sociales.

Rien n’a pourtant été offert. Tous ces acquis ont été arrachés grâce à une seule force, qui est la lutte organisée des travailleurs. C’est la seule raison pour laquelle la population a pu profiter en partie de l’expansion économique pour améliorer ses conditions de vie. Les politiques ‘‘keynésiennes’’ étaient alors utilisées par la classe capitaliste pour mettre à profit cette amélioration des conditions de vie en stimulant le pouvoir d’achat pour accroître la consommation et renforcer la croissance.

De telles politiques économiques ne sont pas applicables indéfiniment car elles sont sujettes aux contradictions plus profondes du capitalisme. L’après-guerre a ouvert des possibilités d’expansion économiques justement sur base de la reconstruction d’après-guerre. Ces opportunités ne se renouvellent pas éternellement, et après chaque phase de croissance prend place une phase de stagnation, de récession, voire de dépression. Durant ces périodes de crise, la part du gâteau disponible pour les capitalistes est mise en péril, et en marge d’une bagarre de charognard qui consiste à défendre ses profits au détriment de ceux des autres, c’est en dernière instance du côté de l’autre classe sociale que se porte l’œil maladif de la bourgeoisie : du côté de la classe des travailleurs.

Le capitalisme est un système arrivé à péremption

Le capitalisme est un mode de production qui fonctionne sur l’exploitation d’une classe sociale par une autre: l’exploitation de ceux qui n’ont que leur capacité de travail à vendre par ceux qui possèdent les moyens de production. Ces derniers capitaux s’accroissent sans cesse sur base de ‘‘la plus-value’’ accumulée, qui n’est rien d’autre qu’une partie des richesses produites par le travail et qui ne retourne pas aux travailleurs sous forme de revenus mais qui est extorquée à travers les profits.

Si le capitalisme a supplanté le féodalisme et a permis le développement des industries et des capacités de production à une échelle jamais vue auparavant, ce système ne comporte pas moins des contradictions profondes en conséquence directe de la propriété privée des moyens de production. La course au profit est le credo central qui dicte le fonctionnement de l’économie, générant des pénuries dans des services insuffisamment rentables à côté de gaspillages gigantesques. Générant une surproduction et une incapacité des travailleurs à absorber les biens qu’ils ont produits. Générant des conflits entre impérialistes pour l’octroi de matières premières ou de capitaux… Bref, le capitalisme systématise inévitablement les inégalités, la pauvreté, l’instabilité et l’anarchie.

Arrivé à ses limites de développement, le capitalisme offre des périodes de stagnations et de récession toujours plus longues pour des périodes de croissance toujours plus courtes, avec des drames sociaux toujours plus violents dont en particulier l’absence colossale d’emploi et d’avenir pour les jeunes peu qualifiés dans toutes les villes en Europe et dans le monde. L’incapacité des dirigeants à mettre au profit de la société les possibilités technologiques existantes, dont beaucoup sont méconnues car étouffées sous le poids de lobbys financiers, est symptomatique de l’impossibilité du capitalisme à offrir encore ne serait-ce qu’une once de progrès à l’humanité.

Par contre, la déshumanisation de la société, l’aliénation, les burn-out, les dépressions, les suicides, la désintégration du tissu social, la violence, la guerre, le communautarisme, le sexisme, la xénophobie, les discriminations, la frustration, l’individualisme, la corruption,… gagnent en importance dans la vie de tous les jours et sont autant de maux dus à la déliquescence d’un système qui n’est plus à même de proposer un projet de société autre que la spéculation et le repli sur soi.

Nous n’avons pas besoin de fatalité, mais de combativité

Ce fonctionnement du capitalisme est la raison pour laquelle nos ‘‘acquis’’ sociaux ne sont acquis que tant que nous sommes capables de les défendre. Au moment où le rapport de force change de côté, la bourgeoisie cherchera à les démanteler en utilisant ses institutions politiques et financières, appareils idéologiques et répressifs… Bref, c’est la lutte des classes dans laquelle nous sommes aujourd’hui.

Si un keynésianisme est illusoire dans la période de crise actuelle, cela ne signifie pas pour autant que nous ne devons plus lutter pour nos conquêtes sociales ! Que du contraire, nous sommes condamnés à lutter si nous ne voulons pas foncer tête baissée vers l’abattoir social. Inutile d’illustrer à quel point une manifestation nationale ou une grève sectorielle sans lendemain comme nous en avons trop connu est démobilisatrice. Par conséquent, nous avons besoin de plans d’action et de perspectives pour mettre en route toutes les forces que possède notre classe et mettre toutes les chances de notre côté pour obtenir des victoires. De telles victoires renforcent à leur tour la confiance de la classe en sa capacité à changer le cours des choses.

Une alternative est nécessaire : le socialisme !

Mais la lutte doit plus que jamais être menée également sur le terrain idéologique. Si un système en crise ne nous propose aucun avenir, nous avons besoin de notre alternative. La précarité du capitalisme n’est pas une fatalité avec laquelle il faut s’accommoder ou se contenter d’y greffer des réformes, qu’elles soient d’ordre fiscales ou plus radicales. Le marxisme ne fournit pas seulement une grille d’analyse permettant une compréhension de la société capitaliste dans toute sa complexité et ses contradictions. Son analyse pose aussi les bases pour un changement révolutionnaire de la société. Car l’organisation même des travailleurs au sein du capitalisme a façonné une force sociale capable de changer le cours des choses une fois qu’elle rentre en action.

D’autre part, cette organisation pose aussi les bases pour le fonctionnement d’une alternative révolutionnaire, le socialisme, où l’économie est planifiée et gérée démocratiquement. Une société socialiste permettrait d’orienter l’économie et la production non plus selon les profits d’une minorité mais en fonction des besoins sociaux, environnementaux,… de la majorité de la population. Les richesses produites ne seraient plus gaspillées dans la spéculation, mais serviraient à combler les pénuries et à résorber la pauvreté. C’est seulement de cette manière que le temps de travail pourrait être diminué pour permettre à tous d’avoir un emploi décent et des projets d’avenir.

Dans l’histoire de la lutte des classes, chaque mouvement révolutionnaire a été confronté tôt ou tard à la question décisive de la prise du pouvoir pour un changement de société. S’imaginer que la classe ouvrière peut maintenir un statu quo hégémonique durable sur la bourgeoisie dans le cadre du capitalisme ou tout capitaliser sur des réformes ‘‘structurelles’’ est une illusion qui a mené à de nombreuses défaites. Tant qu’il n’est pas abattu, le capitalisme utilisera nos moindres moments de faiblesse pour mettre en place sa réaction et reprendre le terrain.

Une tâche critique pour les marxistes révolutionnaires est donc de développer la conscience de classe parmi le mouvement ouvrier à travers l’école qu’est la lutte. En d’autres mots, de construire la conscience socialiste. Car le capitalisme n’est puissant que lorsque son ennemi de classe est apathique, dispersé. Lorsque le mouvement ouvrier concentre tout son potentiel avec une direction socialiste claire, le cours de l’histoire de l’Humanité peut alors changer.

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