Répondre au danger croissant de l’extrême-droite par le renforcement de la gauche anticapitaliste

À travers l’Union européenne, des partis populistes de droite, nationalistes et même néofascistes se sont renforcés aux dernières élections. Parallèlement à une banalisation des idées xénophobes dans la société, il s’agit bien souvent d’un vote protestataire face aux partis traditionnels dont la politique austéritaire est un terreau fertile pour les idées d’extrême droite. Cette dernière profite également du manque de réelles alternatives contre le système en place. Les partis de la ‘‘vraie’’ gauche sont souvent soit absents, soit dépourvus d’une ligne politique claire de rupture avec le capitalisme. En Belgique aussi, le danger existe ! Il est nécessaire, ici comme ailleurs, de construire une résistance antifasciste liée à la résistance contre l’austérité.

Montée de l’extrême droite en l’absence d’une alternative de gauche crédible

Un peu partout, l’Europe subit une ascension des partis d’extrême droite. Face à la plus grande crise du système capitaliste depuis les années 1930’, les gouvernements en place, y compris ceux qui se prétendent de gauche, n’ont eu que l’austérité pour seule réponse. La dégradation des conditions matérielles et les pénuries sont de plus en plus marquées et les politiques appliquées par les partis traditionnels poussent les 99% à la concurrence pour avoir un logement, un boulot, etc. En Belgique, un jeune sur quatre ne parvient pas à trouver du boulot ; en Grèce et en Espagne, c’est même plus d’un jeune sur deux. Cette situation est source de sentiments xénophobes, par ailleurs de plus en plus banalisés.

Le manque d’alternative politique claire de la part des vrais partis de gauche a également favorisé un repli nationaliste. Ainsi, en Grèce, malgré le très bon score obtenu par Syriza (“Coalition de la gauche radicale” – 26%), devenu premier parti du pays, Aube Dorée (parti néonazi) a tout de même réussi à obtenir 9% des suffrages (et même 16% à Athènes) alors que sa direction est actuellement emprisonnée. Cela s’explique notamment par le climat de désillusion totale après des années de crise et par le tournant à droite adopté par Syriza. Ce dernier est désormais prêt à s’allier aux partis pro-austérité de ‘‘gauche’’. Il commet une erreur en ne mettant pas en avant la nécessité d’une rupture avec le système capitaliste et de la construction d’une société basée sur la satisfaction des besoins de chacun : le socialisme.

Les programmes des partis d’extrême-droite et de droite populiste sont très diversifiés. Le parti UKIP (parti populiste de droite de Grande-Bretagne) refuse ainsi de collaborer avec le FN français. L’UKIP essaye de réunir de quoi constituer une fraction parlementaire (ce qui réclame au moins 25 élus de 7 pays différents), notamment grâce au ralliement d’une dissidente du FN français et du Mouvement 5 Etoiles italien de Beppe Grillo. A l’heure d’envoyer ce journal à la presse, la date butoir pour constituer les fractions n’était pas encore possible, et le FN ne disposait toujours pas d’élus de 7 pays.

Quel danger représente l’extrême droite en Belgique ?

Du côté francophone, depuis la dissolution du FN belge, l’extrême droite est restée divisée. C’est aujourd’hui le groupuscule Nation qui parvient le mieux à tirer son épingle du jeu. Il forme ses groupes à la haine des militants de gauche et réalise des actions à caractère raciste et islamophobe. Mais Nation n’est pas seul. Ainsi, les partis d’extrême-droite ont réalisé ensemble le score de 14% à Charleroi.

Du côté néerlandophone, si l’on peut se réjouir de la chute du Vlams Belang, il faut bien comprendre que l’ensemble de l’électorat d’extrême-droite n’adhère pas à tout le programme de l’extrême-droite. Il n’est pas surprenant que la NVA ait récupéré une part importante de cet électorat en tant que meilleur vecteur d’un vote ‘‘anti establishment’’. Mais même électoralement affaibli, le VB garde ses militants, dont son organisation de jeunesse officieuse (le NSV).

Comment lutter contre l’extrême-droite ?

Nous ne pouvons pas laisser de terrain à l’extrême-droite. “Pas de forum pour les fascistes!” Lorsque le NSV organise sa marche annuelle de la haine, Blokbuster, la campagne antifasciste flamande du PSL est systématiquement en première ligne pour organiser une contre-manifestation, et ce sans discontinuité depuis de longues années. Lorsque l’extrême-droite souhaitait tenir un meeting en plein cœur de Bruxelles nous étions présents, suite à un appel à la mobilisation lancé par les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs), tout comme lors du rassemblement antifasciste quasi spontané devant le Parlement européen à Bruxelles après les élections européennes. Un appel lancé par les JOC sur facebook avait réuni 2.500 personnes pour manifester en moins de 48 heures !

Il revient à la gauche véritable de réagir de façon systématique et de construire une alternative claire de rupture avec le système capitalisme. Non, nous diviser ne va pas nous aider. Non, Le Pen n’est pas réellement anti-establishment, elle est pour la défense des intérêts des capitalistes français et est elle-même millionnaire. Ensemble, nous sommes plus forts et, ensemble, nous devons lutter pour une autre société.

Nous ne pouvons pas compter sur l’establishment capitaliste. Ce sont ses médias qui diffusent le racisme, c’est sa police qui intervient contre les militants de gauche. Ce n’est pas un hasard. L’establishment capitaliste se sert du racisme et de la logique de division pour affaiblir la résistance contre le système. L’Histoire nous démontre en outre que face à des mouvements de lutte large qui menacent le système capitaliste, les grands patrons, actionnaires, etc. se rallieront à l’extrême-droite qui, elle, ne remet pas en cause la nature du système. Bien au contraire, elle agit en tant que milice privée du capital.

Nous savons ce qui se produit quand l’extrême-droite dispose d’un espace pour se développer, comme l’ont illustré les assassinats des militants antifasciste Clément Méric en France et Pavlos Fyssas en Grèce. Il est plus que nécessaire de construire un front européen de résistance contre l’extrême droite. Un appel a d’ailleurs été lancé en ce sens à Athènes, lors d’une rencontre internationale organisée par les comités antifascistes grecs. L’idée est d’organiser premièrement une journée antifasciste internationale le 9 novembre prochain.

Il est nécessaire de construire des comités antifascistes dans nos quartiers, nos écoles et sur nos lieux de travail. Ne laissons pas faire l’extrême-droite sans réagir ! Organisons de manière systématique la résistance et lions cette lutte aux questions économiques. Construisons une alternative de gauche forte et crédible, construisons une société basée sur les besoins et non sur la division et le profit. Vers un rassemblement européen le 9 novembre pour enrayer la montée du fascisme !

Blokbuster?

Lancée dans les années 90’, la campagne antiraciste Blokbuster est basée sur l’organisation locale de la lutte concrète contre l’extrême droite. À son apogée, Blokbuster a compté 50 comités locaux et environ 2.500 jeunes possédaient leur carte de membre !

Il s’agissait de la seule campagne antiraciste à présenter un programme socio-économique afin de stopper la propagande raciste et fasciste avec des slogans tels que ‘‘Tout ce qui nous divise nous affaiblit !’’ ou ‘‘Des emplois, pas de racisme !’’ qui unissent dans la lutte travailleurs belges et immigrés.

Cette campagne a aussi été le point de départ de la création de YRE (Youth against Racism in Europe), une organisation internationale contre le racisme et l’extrême-droite lancée en octobre 1992 lors d’une manifestation internationale contre le racisme qui avait rassemblé 40.000 participants à Bruxelles.


Journée d’action antifasciste du 9 novembre !

D’où provient cette initiative ? Une Conférence antifasciste internationale s’est tenue à Athènes à la mi-avril à l’initiative des Comités antifascistes grecs. La campagne antifasciste flamande du PSL Blokbuster était présente. C’est de là qu’est parti l’appel pour l’organisation d’une journée d’action.

Pourquoi le 9 novembre ? Il s’agit de la date de la Nuit de Cristal, un pogrom antijuif massif qui s’est déroulé dans l’Allemagne nazie, en 1938. Depuis lors, des activités antifascistes sont régulièrement organisées le 9 novembre.

Que se passera-t-il en Belgique le 9 novembre ? Blokbuster, a pris l’initiative d’organiser une manifestation nationale combative avec d’autres partenaires.

Que pouvez-vous faire ? Pour faire un succès de cette manifestation, vous pouvez aider à diffuser le tract, les autocollants,… Vous pouvez réunir des connaissances et inviter un de nos membres pour discuter de la lutte antifasciste et de la manière de mobiliser pour cette manifestation. Devenez actif dans la lutte contre l’extrême droite, contre le capitalisme et pour une autre société, une société socialiste ! Ne nous regardez-pas, rejoignez-nous !

Contactez-nous : info@socialisme.be, 02/345 61 81

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