Mardi dernier (23 janvier), à Colombo, la capitale du Sri Lanka, s’est déroulée une action de centaines de journalistes et de travailleurs du secteur des médias. Ils ont protesté contre les menaces et l’intimidation auxquels sont confrontés les journalistes. Ces derniers temps, d’innombrables reporters ont été kidnappés, arrêtés et même assassinés.
Par un journaliste de Colombo
Sunantha Deshappriya, le coordinateur de Free Medias Movement (FMM), a déclaré: "Les médias au Sri Lanka ont un avenir difficile devant eux en tentant d’apporter de l’information correcte et véridique dans un environnement hostile."
Les menaces contre les journalistes continuent et malgré les interpellations répétées au gouvernement et au président Mahinda Rajapakse pour ne plus déranger les journalistes.
Dans ce contexte de progression de la violence et des mesures répressives du gouvernement, les activités des syndicats sont sanctionnées et les protestations des travailleurs à Colombo sont confrontées à la répression armée de la police et même de l’armée. Le 9 janvier, une action de travailleurs a eu lieu au quartier général du Colombo Transport Board à laquelle étaient présents certains parlementaires. Cette action a été violemment réprimée. Le même jour, une réunion du United People’s Movement a été attaquée à Nugegoda, attaque menée par le vice-ministre Mervyn Silva.
La semaine passée, ce même vice-ministre était présent à l’action des journalistes, avec une centaine de partisans, pour une contre-action sous le slogan : " Les journalistes doivent raconter la vérité ". C’était une tentative visant à faire croire que son comportement, notamment à Nugegoda, n’était pas correctement relayé. Il avait pour cela amené deux autobus de contre-manifestants criants bruyamment des slogans à la fois contre les médias et pour l’armée.
Lors de l’attaque de Nugegoda, trois journalistes ont été rossés par les partisans de Mervyn. Ces derniers voulaient ainsi avertir les journalistes contre tout rapport de l’usage de la violence contre une réunion anti-guerre démocratique. Un récent rapport publié dans les médias fait état, pour l’année dernière seulement, de pas moins de 8 assassinats de journalistes au Sri Lanka.
Ce dernier mois uniquement, 10 incidents graves ont été perpétrés contre les médias. Trois journalistes du journal de l’Etat Sunday Observer et du journal dominical cinghalais Silumina ont subi un interrogatoire du Criminal Investigation Department sur base de la nouvelle législation sur la prévention du terrorisme. Une jeune journaliste tamoule de l’hebdomadaire cinhalais Maubida a été arrêtée et un rédacteur de la chaîne de télévision Derana a été attaqué. Trois autres employés des médias, dont un photographe de l’agence Reuters et le président du Sri Lanka Tamil Medias Alliance, ont dû quitter le pays après des menaces de mort.
Restrictions inacceptables
Les barrages routiers et les restrictions des transports vers le nord veillent à ce que les journaux tamouls qui publient de la péninsule de Jaffna n’aient plus de matériel pour produire leurs journaux. Les groupes paramilitaires travaillent avec les troupes du gouvernement dans l’est du pays pour empêcher toute publication de journaux tamouls à Colombo. Le droit à l’information et à la liberté d’expression est gravement menacé sous le régime actuel du président Rajapaksa.
Ceci va de pair avec une grave dégradation des droits démocratiques en général. Tous les droits démocratiques subissent une attaque dans l’escalade vers la guerre et des actions violentes sont entreprises contre toutes initiatives de paix. Des incidents tels que des enlèvements, des meurtres et des attaques de toutes sortes contre les Tamouls à Colombo continuent à augmenter. Plus de 80 cas sont déjà connus.
Solidarité !
Le régime du président Rajapaksa renforce sa campagne contre les droits démocratiques, les syndicats, les médias, les organisations qui se prononcent contre le gouvernement ou qui sont simplements critiques face aux promesses du gouvernement d’un plus haut niveau de vie et d’une paix « honorable ». Dans ses tentatives désespérés pour continuer à tenir l’Etat entre ses mains, le régime passe à des mesures répressives avec une grande pression sur les petits partis et le recours à des groupes répressifs violents comme celui sous la direction du vice-ministre Silva. Les partis d’opposition les plus importants cèdent à ces manipulations politiques. Les travailleurs et d’autres forces démocratiques doivent faire appel au soutien international pour mettre fin au développement du Sri Lanka vers un régime totalitaire.