Théorie. La plus-value… ou comment devenir encore plus riche

Contrairement aux idées reçues, on ne devient pas riche en travaillant mais en faisant travailler les autres. Voyons d’un peu plus près comment les patrons se font autant d’argent…

Christophe Cusumano

Au départ, ils disposent d’une certaine somme, un capital, qu’ils désirent augmenter. Pour ce faire, ils vont devoir produire des marchandises. Ils vont donc devoir investir leur capital de départ dans des machines, des bâtiments, des équipements de transport, des matières premières, de l’énergie… Avec tout cela, ils ne peuvent pourtant pas encore produire quoi que se soit.

Pour ce faire, il faut qu’ils engagent des personnes en échange d’un salaire fixé dans un contrat pour transformer tout cela en marchandise. Si ce contrat stipule que la personne doit travailler huit heures par jour et si on considère que, pour chaque heure de travail, le salarié de notre entreprise crée 10 unités de marchandise, il aura ainsi, en fin de journée, produit 80 unités de marchandises. Mais son salaire est évidemment moindre que la valeur globale de ce qu’il a produit.

S’il utilisait tout son salaire gagné suite à cette journée de travail, ce salarié ne pourrait, par exemple, racheter que 20 unités de ce qu’il a produit. Les 60 unités restantes constituent la plus-value. Par conséquent, on peut dire que le taux de plus-value – qui est le rapport entre la richesse qu’il a engendrée par son travail et son salaire et mesure donc le taux d’exploitation du travailleur – est de 400% (80 divisé par 20). Ce qui signifie que le salarié a produit quatre fois plus de richesses que ce qu’il gagne.

Une partie de la richesse nouvelle créée par l’activité du travailleur est utilisée par le patronat pour amortir tous les coûts matériels (machines, matières premières, installations diverses, …). En continuant notre exemple, le capitaliste a amorti ces frais, pour une journée de travail, par la vente de 40 unités de marchandises.

Même si cet exemple est schématique et doit être ajusté à la situation de chaque entreprise, un rapide coup d’œil sur les comptabilités des entreprises permet de constater que ces coûts sont bien supérieurs à celui du coût de la main d’œuvre. Plus l’entreprise est grande et plus cette différence est grande. Aux coûts matériels, il faut ajouter les charges patronales, mais ces dernières diminuent sans cesse : les réductions d’impôts pour l’année 2005 ont été de 5,4 milliards d’euros, dont la majeure partie (97%) a été destinée aux entreprises (voir Trends du 21/07/2005).

Le reste des richesses produites va dans les poches du patron et constitue le profit. Celui-ci équivaut donc à la valeur de la production moins les coûts matériels, les charges patronales et les coûts salariaux. Dans notre exemple, cela correspond à 20 unités de marchandises (80-20-40).

En faisant ce calcul pour tous les travailleurs d’une entreprise et en additionnant toutes ses valeurs, on a le profit patronal. C’est comme cela qu’on obtient une grosse fortune, en vendant la richesse produite par d’autres !

Ce qui permet de comprendre comment un top manager d’une entreprise du Bel20 (20 grandes entreprises belges qui servent d’indice boursier pour l ‘économie belge) gagne de 1,5 million à 4 millions d’euros (voir Trends du 25/05/2006).

On ne peut gagner une telle somme par son propre travail !

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