Transphobie ordinaire

A Liège, le conseil communal est fier de pouvoir dire que sa police est plus présente et plus efficace qu’il y a quelques années. Un travail a effectivement été fait et on peut en voir les résultats sur le terrain. Ceci-dit, les choses sont loin d’être parfaites. Des agents efficaces, mais opérant parfois sur le mode du cow-boy plutôt que sur celui de gardien de la paix. Jugez plutôt.

Laura est une travestie qui a l’habitude de faire la fête dans le quartier de la rue souverain-pont, quartier qui abrite une bonne partie de la faune nocturne liégeoise et qui jouxte le quartier à prostitution de cathédrale-nord. Il faut savoir que ces derniers temps, la police a intensifié les contrôles dans ce quartier: en période de fêtes et d’afflux de touristes à Liège, il serait inopportun de voir les prostituées s’adonner au racolage dans les artères commerçantes du centre-ville.

Or, comme Laura rentre chez elle un soir en passant par ce fameux quartier de cathédrale nord, la voilà contrôlée par un policier. Obtempérant, Laura se plie au contrôle et l’agent (opérant seul, ce qui ne semble pas réglementaire) l’arrête pour racolage. Racolage? Laura est une travestie, pas une prostituée. De plus, Laura se trouve seule. Qui pourrait-elle bien racoler? Le policier n’en démord pas. Il appelle ses collègues: « j’en ai péché une, on va rire ». Laura est amenée au commissariat où elle est entendue.

Là, les humiliations commencent: propos homophobes, tutoiements. Elle voit aussi le traitement réservé aux prostituées arrêtées: fouillées par des hommes en dépits du règlement et insultées. On refuse aussi de laisser les toxs prendre leur methadone. Transférée au commissariat central, menottée sur le trajet, elle passe 6 heures dans une cellule malgré les allégations des prostituées selon lesquelles Laura ne fait pas le trottoir mais aide les filles du quartier. 6 heures durant lesquelles elle n’aura droit qu’à un verre d’eau.

Relâchée au petit matin, Laura pourra enfin rentrer chez elle sans bien sûr avoir pu obtenir une copie de son procès verbal.

La police fait un métier qui n’est pas de tout repos, on le sait. Cela autorise-t-il de tels comportements? Aux dires des travestis, des évènements dans ce genre se produisent régulièrement. La police de Liège fait manifestement un amalgame et traque indifféremment travestis et prostituées (traque aux prostituées qui n’apparaît pas toujours légitime non plus, mais ceci est un autre débat). Peut-être manque-t-il un brin de formation sur le sujet? Mais peut-on admettre que les préjugés homophobes autant que les préjugés sexistes et xénophobes font partie intégrante du fonctionnement d’une certaine police?

Un épilogue en guise de conclusion: en rentrant chez elle, Laura s’est fait agressée par un groupe d’automobilistes ivres qui ont tentés de la coincer. Elle a pu leur échapper par chance mais il n’est pas sûr qu’elle ira porter plainte…

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