Hong Kong : Un journal pro-Pékin a lancé une attaque contre le CIO

Le journal pro-Pékin « Ta Kung Pao » a attaqué le parlementaire pro-démocratie Leung Kwok-Hung (connus sous le surnom de Longs Cheveux, en raison de son refus de se couper les cheveux tant que Pékin n’aura pas reconnu le massacre de Tiananmen en 1989) et Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) dans leur 10ème édition de juin. Ce tissu de propagande dans un journal quotidien tristement connu comme étant le porte-parole de la dictature du Parti Communiste Chinois à Hong Kong est publié au moment où la lutte pour la démocratie à Hong Kong entre dans une phase cruciale, à la veille de la méga-manifestation annuelle du 1er juillet contre le gouvernement. Le régime chinois intensifie sa guerre psychologique contre « l’instabilité politique » et les revendications « illégales » d’élections libres à Hong Kong.

Dikang, Socialist Action, CIO-Hong Kong

Socialist Action a exigé un avis juridique sur la nature diffamatoire de l’article tout en menant une défense politique vigoureuse pour exposer ses mensonges.

Le journal proclame faussement que Longs Cheveux, qui purge actuellement une peine de 4 semaines de prison sur de fausses accusations politiques, a organisé la création de Socialist Action en 2010 pour en faire une force plus extrême dans la lutte pour la démocratie. Des accusations et attaques absurdes de ce type courent tout au long de l’article, qui évoque les spectre des « forces étrangères », c’est-à-dire le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont Socialist Action fait partie. Ta Kung Pao accuse le CIO de défendre « des méthodes très violentes » et accuses ses sections au Brésil, en Turquie et en Suède d’avoir fomenté les émeutes de l’année passée! C’est classique de la part des journaleux d’une dictature dont le niveau de paranoïa est inégalé quand il s’agit de manifestations de masse, d’idéaux démocratiques et de socialisme authentique.

La préoccupation de Ta Kung Pao envers la violence mérite un Oscar étant donné leur silence au sujet du massacre militaire des manifestants à Pékin en 1989. Ce journal a attaqué les 180.000 personnes qui ont manifesté cette année en commémoration des victimes du massacre du 4 juin 1989 en qualifiant la manifestation « d’acte de trahison nationale ».

Fomentation des émeutes

« Les méthodes d’action du CIO sont très violentes », affirme l’article. « Le 20 mai 2013, la section suédoise du CIO Rättvisepartiet Socialisterna a initié une manifestation contre les politiques sociales du gouvernement suédois et le manque de services publics. Les manifestants ont mis le feu à des voitures, ont détruit des centres commerciaux et attaqué des postes de police, et cela a mené à 3 jours d’émeutes. Beaucoup de policiers et de passants ont été blessés ».

Ce n’est qu’un exemple du « journalisme » dérangé de Ta Kung Pao. Les émeutes de l’année dernière à Stockholm ont été déclenchées par le meurtre d’une personne âgée par la police, après des années de racisme et de négligence des infrastructures publiques dans les quartiers ouvriers. La section du CIO a initié un meeting de protestation avec des groupes des communautés locales pour appeler à la fin des incendies et des émeutes tout en critiquant durement la brutalité de la police et les politiques néo-libérales du gouvernement.

Comme dans des cas similaires en Grande Bretagne, en France et en Chine, le CIO a toujours montré clairement qu’il ne croit pas aux émeutes, même si elles sont des réactions compréhensibles face au capitalisme, au chômage et à la pauvreté. Nous défendons les organisations (des partis ouvriers et des syndicats de lutte) et les méthodes de lutte de masse collectives et disciplinées, comme les grèves et les occupations ouvrières, liées à la défense d’une alternative socialiste au capitalisme.

Les assertions de Ta Kung Pao sur les manifestations de masse en 2013, actuellement ravivées au Brésil durant la Coupe du Monde, sont encore plus fantastiques ! Déclarant que 300.000 personnes ont participé aux manifestations contre l’augmentation des billets de métro, il dit que le police a utilisé la répression contre les « organisations criminelles » et que « beaucoup de ceux qui ont été arrêtés étaient membres de la section brésilienne du CIO, LSR. »

Le trotskisme

L’article continue contre le trotskisme qui est décrit dans des termes quasi-maoïstes comme une tendance « ultra-gauchiste et violente » : « beaucoup de pays les considèrent comme des organisations extrémistes, les pires après les terroristes ». Il attaque la théorie de la révolution permanente, qu’il transforme en doctrine de « l’émeute permanente ». En réalité, la révolution permanente est la conception brillante de Trotsky qui explique pourquoi les capitalistes dans les pays coloniaux et semi-coloniaux sont incapables de remplir les tâches démocratiques bourgeoises comme l’unification nationale ou la résolution des problèmes laissés par la société féodale. Hong Kong, la Chine et beaucoup d’autres endroits en Asie vivent la preuve de l’exactitude des théories de Trotsky, qui explique pourquoi les travailleurs ont besoin d’organiser une alternative socialiste de masse et non pas de laisser les luttes contre la dictature ou contre la domination impérialiste étrangère à une des ailes de la classe capitaliste.

L’article de Ta Kung Pao fait partie d’une offensive propagandiste plus large du PCC pour discréditer les partis les plus radicaux de la lutte démocratique. Le but est de lier Longs Cheveux au CIO et des les goudronner avec les pinceaux de la « violence » et de « l’extrémisme politique ». Parmi les accusations les plus outrageuses, il affirme que Socialist Action coopère avec Passion Civique, un groupe de droite « nativiste » (nationalistes de Hong Kong) qui mène une vicieuse campagne de diffamation contre Socialist Action. Au contraire, tout en représentant différentes organisations et programmes politiques, Socialist Action et Longs Cheveux ont coopéré dans beaucoup de luttes pour les droits des travailleurs et contre la dictature chinoise.

La lutte pour la démocratie

L’offensive propagandiste du PCC est liée à la situation politique plus chargée à Hong Kong et en Chine. Il est plus clair que jamais que Pékin n’a pas du tout l’intention d’autoriser la tenue d’élections libres (au suffrage universel) à Hong Kong en 2017, comme les gens l’ont pensé pendant un moment (mais qui n’a pas été le cas, comme l’avaient prévu les camarades du CIO). Au lieu de cela, ils nous servent un réarrangement du modèle d’élections « contrôlées » actuelles, provoquant une colère généralisée. En juin, le conseil d’état chinois (le cabinet) a dévoilé un Livre Blanc sur Hong Kong qui stipule que « la haute autonomie du territoire n’est pas une autonomie totale ». Ce document, sans précédent depuis la rétrocession de Hong Kong par la Grande Bretagne en 1999, est largement considéré comme la preuve que le gouvernement chinois s’assied sur les revendications démocratiques. Sa publication suit une série d’avertissements des politiciens pro-gouvernement notamment au sujet de la possibilité d’instaurer la loi martiale à Hong Kong et de déployer des troupes pour écraser les manifestations.

Dans le même temps, les partis d’opposition bourgeois démocratiques (pan-démocrates) ont énormément compliqué la lutte démocratique par leur volonté d’éviter la lutte de masse en plaçant tous leurs espoirs dans un compromis avec le PCC. Les accusations de violence de la part de l’establishment et de journaux comme Ta Kung Pao sont une tentative délibérée d’attaquer les sections les plus radicales de la lutte pour la démocratie, comme Longs Cheveux, et d’augmenter la pression sur l’aile dominante « modérée » des pan-démocrates pour qu’ils se dissocient des méthodes « extrémistes ».

Ces derniers ont honteusement condamné Longs Cheveux (en présentant une motion contre lui à la législature) quand il a été arrêté et accusé de « dommages criminels » et de « conduite désordonnées » pendant une manifestation en 2011. C’était contre un faux processus de consultation mené par le gouvernement pour resserrer encore les règles électorales, utilisées comme couverture pour plus d’attaques contre les droits démocratiques. Longs Cheveux a été condamné à deux mois de prison (ce qui auraient abouti à la perte de son siège à la législature), peine réduite à 4 semaines en appel.

Les socialistes contre-attaquent!

L’attaque de Ta Kung Pao, même si elle est infâme, est une reconnaissance déformée de l’impact de Socialist Action et du CIO à Hong Kong et de la peur de la dictature chinoise des idées socialistes. L’article mentionne la campagne électorale du conseil de district de 2011, quand Socialiste Action a présenté Sally Tang Mei-Ching comme candidate, et mentionne même qu’elle est allée à Taïwan pour le compte du CIO durant le mouvement de masse « tournesol », au début de cette année.

L’article réfère aussi à l’appel de Socialist Action au mouvement Occupy Central (un plan visant à occuper les rues du principal quartier d’affaires, dirigé par les pan-démocrates « modérés ») pour adopter un programme et une approche plus combatifs qui comprenne la nécessité de la grève comme une arme-clé dans la lutte contre le PCC, à commencer par un appel à des grèves étudiante. Ta Kung Pao, bien entendu, a déformé cela, espérant faire rimer « grèves » avec « violence » et « extrémisme » – ce qui est la façon dont la dictature et les capitalistes voient vraiment l’utilisation de la grève par les travailleurs aujourd’hui.

A propos du soutien de Socialist Action à la campagne pour l’Union des Réfugiés à Hong Kong, il affirme que c’était « une utilisation des réfugiés comme hommes de main » pour préparer et radicaliser le mouvement Occupy Central. Les réfugiés, dont l’occupation de 120 jours et le camp contre la discrimination et la corruption a été un modèle de discipline, sont décrits comme des criminels qui correspondent au soi-disant plan de Socialist Action parce qu’ils « ne craignent pas la prison ». Comme avec l’accusation des émeutes à l’étranger, Ta Kung Pao n’a pas donné un seul fait pour appuyer ses accusations.

Un autre objectif de cet article est de lier Longs Cheveux aux « forces étrangères » sous la forme du CIO et de l’Union des Réfugiés. C’est un des thèmes préférés de la propagande du CCP aujourd’hui, promouvant le nationalisme chauvin chinois et une prétendue conspiration étrangère pour « diviser » la Chine. L’article souligne que Socialist Action a des membres « étrangers » et des liens avec des « organisations étrangères » – ce qui sera illégal si la législation sécuritaire pro-PCC, l’Article 23, est adopté à Hong Kong. Cette législation a été différée pendant 10 ans sous la pression des masses, mais n’a pas été abandonnée par le camp pro-gouvernement.

Alors que Ta Kung Pao est fortement discrédité à Hong Kong en tant que journal maintenu avec l’argent du PCC, il n’y a aucun échappatoire à la menace implicite de ses attaques contre les camarades du CIO. Hong Kong et la Chine se dirigent vers des temps tumultueux et la dictature identifie et attaque ses ennemis politiques.

Plutôt que de se laisser intimider, cependant, les socialistes seront encore plus déterminés à lutter pour la démocratie authentique, y-compris des médias démocratiques sous propriété publique, et à construire des organisations de masse de la classe ouvrière et des jeunes et en en finir avec le capitalisme et la dictature.

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