Politiciens, vous êtes tous conservateurs! Pourquoi le cacher?

Le nouveau jeu à la mode parmi les politiciens est de traiter le plus souvent possible ses opposants de "conservateurs" en se présentant soi-même comme un grand "progressiste". La médaille du plus culotté revient sans aucun doute à Bart Somers. Après la lourde défaite du VLD aux élections communales, le président des libéraux flamands a annoncé un grand tournant. Fini d’essayer d’aller pêcher dans l’étang des électeurs du Vlaams Blok: l’avenir est désormais au centre et au "progressisme".

Anja Deschoemacker

Il s’agit maintenant de montrer que le VLD est le parti des" réformes" et donc du "progrès". Pourtant, le contenu des nouvelles propositions – limitation des allocations de chômage dans le temps, abolition de l’impôt progressif selon le revenu,… – reste exactement le même qu’avant. Mais l’étiquette sur l’emballage a changé, donc tout est changé…

Côté francophone, les libéraux attaquent de plus en plus souvent le "conservatisme" du PS et surtout de la FGTB qui freineraient les "réformes" du marché du travail et de la sécurité sociale. Car pour les libéraux, s’opposer, même timidement, aux "progrès" de l’arbitraire patronal et vouloir défendre les salaires et les allocations, c’est faire preuve d’un effroyable "conservatisme". Et quand il est trop difficile de s’en prendre ouvertement aux syndicats d’ici, on cherche des "conservateurs" ailleurs, comme l’a fait la bourgmestre MR de Forest, Corine de Parmentier, qui a osé dire que "ceux qui ont lâché les travailleurs belges, c’est le syndicat ouvrier allemand". Comme si c’étaient les syndicats allemands qui licenciaient et pas des patrons multinationaux…

Face à eux, Di Rupo a facile de dénoncer à propos de VW, "les conservateurs, les partis de droite qui partout dans le monde empêchent la régulation de l’économie". Ce n’est évidemment pas faux, mais c’est un peu court. Car, quelques jours avant, la grande majorité des députés socialistes du Parlement européen ont voté en faveur de la directive Bolkestein "nouvelle mouture" qui libéralise une grande partie des services. Et, chez nous, il est bien plus facile de citer vingt mesures de cadeaux au patronat votées par le PS que d’en citer UNE SEULE qui limiterait la toute-puissance des sociétés multinationales comme VW.

Si le PS, le SP.a et les sommets syndicaux avaient réellement une stratégie pour conserver nos acquis sociaux, ils mettraient en avant une véritable lutte pour conserver l’emploi à VW au lieu de limiter la perspective à négocier un "plan social" un peu moins maigre que ce que souhaite la direction de l’entreprise.

Le petit jeu des politiciens n’a rien à voir avec la réalité. Sous des formes variées, tous les partis établis mènent bel et bien une même politique conservatrice. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas "rénover" la société mais lui faire faire marche arrière. Pour eux, le "problème" en Belgique n’est pas la pauvreté croissante, le chômage massif et les fins de mois difficiles de tant de gens, mais le fait que le patronat n’a pas encore assez les mains libres pour détricoter la protection sociale que les travailleurs avaient réussi à conquérir au fil des ans et des luttes.

Ceux qui veulent une alternative vraiment progressiste pour les élections qui viennent, nous les invitons à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.

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