De l’argument d’autorité

Aujourd’hui lors de débats sur différents sujets, de différente importance, les journalistes aussi bien que les contradicteurs utilisent soit tels quel, soit en filigrane, un argument. Celui d’autorité. Démonstration, déclaration d’experts, statistiques et force des chiffres sont autant de preuves irréfutables avancé par ces derniers. Tout un panel de méthodes est mobilisé pour convaincre : l’auditeur, l’électeur, le consommateur.

Ali (L’article qui suit a été rédigé par un sympathisant, si vous aussi voulez écrire pour notre site, n’hésitez pas à envoyer vos propositions à redaction@lsp-mas.be)

La seule chose dont on est souvent convaincu, c’est l’arrogance de ces messieurs et mesdames. La nomenklatura médiatique et intellectuelle, réfléchit à notre place, pour des questions qui concernent nos vies et ils s’attendent, bien sûr, à avoir notre assentiment sur leurs développements.

Dans le domaine de l’économie politique cela tend a justifier la société comme elle est actuellement et à nous préparer au changement que, ces messieurs et mesdames, ont élucubrer pour nous. Le but de ces quelques lignes est de remettre en perspective se genre de démarche pour pouvoir remettre le débat véritablement sur la place publique.

1. l’université

L’argument d’autorité classique se fonde sur l’invocation d’une autorité ou institution qui a au regard de tout le monde un certain crédit. En ce sens l’université est une des institutions qui fourni le plus d’expert. Il faut donc analyser quelle est la validité de l’argument d’autorité lorsque celui-ci invoque un expert universitaire. Pour cela il est utile de considérer les trois missions essentiels des universités : l’enseignement, la recherche et le service à la société.

Pour ce qui est de l’enseignement, l’université est une énorme bibliothèque ou est rassemblé l’ensemble des connaissances. Les professeurs sont là pour aider les étudiants à trouver la partie qui leur permettra de développer un panel de connaissances et de compétences qu’ils pourront valoriser. Mais la méthode universitaire est assez exigeante sous différents aspects, d’abord financier, mais aussi et surtout au niveau de la difficulté des épreuves. Il en ressort une institution assez élitiste, d’où les ressortissant après avoir passez quelques années de dur labeur mais aussi de vie universitaire vont constituer par définition une élite.

La recherche est une autre mission de l’université : élargir le cercle de la connaissance est un des buts de cet institution. On ne peut y voir malice. Mais la recherche, nécessite des moyens, et la provenance des fonds n’est pas innocente. Ce qui reviens à poser la question : la recherche,oui mais pour qui et pourquoi ?En effet la recherche et l’innovation sont des objectifs du capital qui est toujours à la recherche de nouveau marché. Et on voit de plus en plus une marchandisation de la chose universitaire, seule façon pour l’institution de se maintenir en vie.

Le service à la société : ici on touche très certainement l’un des points les plus critiques. Quel service, pour quelle société ? On a pris l’habitude de prendre l’exemple de la médecine où le citoyen voit concrètement les résultats. Mais dans les domaines tels que la communication, la science politique ou la science économique, si le service est d’optimiser le système actuel, même si les universitaire sont généralement de bonne volonté, alors la mission de service à la société est une mission de service pour pérenniser le capital et l’exploitation du même nom. Pour aller plus loin dans la critique, on peut dire que l’analyse d’un économiste sur les réformes à effectuer, pour sauver les pensions par exemple, ne valent pas mieux que l’analyse de l’arbitrage d’un supporter de foot fanatique : bien intentionné mais totalement subjectif.

2. la dilution du pouvoir

La classe politique d’aujourd’hui a une espèce de vocabulaire, d’argot, qu’il est de bon ton d’utiliser si l’on veut paraître comme un dirigeant responsable. Je veux pour exemple les termes de « synergies », de « partenariat public-privé », d’ « assainissement des dépenses publiques », d’ « épuration de la dette publique », de « diminution de la pression fiscale »,…

La politique de « bonne gestion » est dans cet ordre d’idée ainsi que la « modernisation de l’économie ». Pour compléter le tableau, je finirais en citant les termes de « flexisécurité », on rentre dans le carrément « hype » et la réforme est alors complètement « trendy ».

Il justifie l’ensemble de leur prise de position non pas leur idéologie (beurk quel terme vulgaire) mais bien par la nécessité. Les études ont montré que le modèle anglosaxon a prouvé ceci, la troisième voie par ci, ou la réussite des norvégiens par là. Nos politiciens ne sont plus des idéologues mais bien des techniciens (ou technocrates c’est selon) qui gèrent en étroit contact avec les développement récents des rapports scientifiques ou des commissions d’experts.

Pour aller plus loin, on entendra que le capitalisme est dans la nature humaine, les politiciens sont donc des mains de la main, des régulateurs qui oeuvrent à l’intérêt général.

Il faut mettre un holà car tout ceci est faux : toute décision politique résulte d’un choix délibéré d’un politicien. Choix qui est le reflet du positionnement idéologique et idéologie qui est la synthèse de l’intérêt d’une partie de la population. Souvent, les capitalistes de ces temps-ci sont privilégiés à ces petits jeux au détriment de l’intérêt de la classe populaire. Mais ce que je dis est complètement old fashionned parce que depuis longtemps les experts de tout acabit ont dépassé la lutte des classes. Les prolétaires pas encore apparemment…

3. peut on faire pire ?

En guise de conclusion on peut se demander si il ne serait pas préférable de laisser le pouvoir au gens qui ne sont ni experts, ni diplômés de grandes écoles, ni des puits de sciences. Nombreux sont ceux qui, parmi l’élite, et cela est normal pour eux, doutent du bien fondé de cette proposition. Beaucoup aussi à gauche et même à la gauche de la gauche (de droite…) doutent, ce qui est moins normal. En effet, l’ouvrier et sa descendance est notoirement raciste, peu écolo et hostile à tout sentiment d’esthétique au dessus de la star académy. Pour tous ceux qui pensent cela, je les invite à lire cet excellent passage de Rosa Luxemburg : « la connexion intime du mouvement socialiste avec l’essor intellectuel se réalise non pas grâce aux transfuges qui nous viennent de la bourgeoisie, mais grâce à l’élévation de la masse prolétarienne. Cette connexion se fonde, non sur une affinité quelconque de notre mouvement avec la société bourgeoise, mais sur son opposition à cette société. Sa raison d’être est le but final du socialisme, la restitution de toutes les valeurs de civilisation à l’entièreté du genre humain. » (Titre de l’article : masse et chef).

Quand on voit l’état du monde, et je ne voudrais pas ici refaire la litanies de malheurs qui accablent notre terre, et l’état de nos sociétés occidentales : pertes du pouvoir d’achat, violence accrue notamment sur les femmes, déstructuration des liens sociaux (suicides et dépression), mode de vie mortifère (désordre climatique), mais aussi dans nos société pauvreté (même pour les travailleurs), peur de l’autre,…

Quand on voit que tant de cerveaux, d’énergie de plan d’ajustement structurels, de réforme, de privatisation n’ont eu que pour seul effet d’accroître la richesse des capitalistes et des patrons, alors je me dis non pas qu’ils sont incompétents, loin de là, très loin de là, je me dis qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts que moi, que les travailleurs, que le prolétariat et c’est dans ce sens que je me dis que non, on ne peut pas faire pire comme société.

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