Mexique. Le peuple d’Oaxaca lutte toujours

Oaxaca: un des Etats du sud du Mexique, se trouvant juste à l’ouest d’un autre Etat devenu célèbre: le Chiapas, coeur du soulèvement zapatiste. Coïncidence? Sûrement pas. Tout comme au Chiapas, une population à majorité indigène, une population spoliée de tous ses droits, une population en révolte!

Stéphane Ramquet

En mai, les enseignants de la ville d’Oaxaca se sont mis en grève pour exiger des augmentations de salaire, occupant pacifiquement le centre de la ville. Le 14 juin, la police mexicaine a tenté de déloger les grévistes. Résultat: 8 morts et 15 disparus.

Depuis lors, le mouvement n’a fait que se renforcer, se radicaliser et s’organiser. Les enseignants ont été rejoints par les étudiants, les fonctionnaires, des syndicats ouvriers, des organisations paysannes et indiennes, des associations de quartier,… qui, tous ensemble, réclament la démission du gouverneur de l’Etat (membre de l’ancien parti unique PRI) ainsi que la tenue de nouvelles élections. C’est ainsi qu’est née l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), sorte de pouvoir alternatif soutenu par 340 organisations et organisant non seulement la lutte des grévistes mais aussi la vie quotidienne à Oaxaca.

Plusieurs manifestations ont été organisées, dont une qui a réuni 500.000 personnes ! Pourtant, comme à leur habitude, le gouvernement mexicain, ainsi que la majorité des gouvernements et médias occidentaux, ont boycotté l’évènement, comme s’il n’avait jamais existé, dans la peur que cet exemple ne donne des idées à d’autres. L’APPO a été obligée de créer ses propres médias en s’emparant de la maison de la radio.

Pour la défense de la ville face à la répression, le peuple d’Oaxaca a érigé des centaines de barricades, se rappelant des vieilles traditions révolutionnaires. Plus encore que la police, ce sont des bandes paramilitaires à la botte du gouverneur qui tentent de faire régner la terreur dans la ville. Depuis le début du mouvement, police et paramilitaires ont déjà tué 32 personnes.

Le 27 octobre, la police spéciale renforcée par des hélicoptères a repris le contrôle de la ville malgré la résistance de la population, démontant les barricades et arrachant les pancartes des grévistes. Les grèves ont été suspendues mais le mouvement de lutte continue. A la mi-novembre, l’APPO a repris le contrôle de certains bâtiments et a même réussi à tenir un « Congrès constitutif » fort d’un millier de délégués. Des Assemblées Populaires se sont aussi crées au Chiapas et même à Mexico.

Après la rébellion des indigènes zapatistes du Chiapas, c’est donc une nouvelle vague qui vient secouer le pouvoir central et renforcer le vaste mouvement de mobilisation populaire en soutien à Lopez Obrador, le candidat de gauche qui a été privé de la victoire aux récentes élections présidentielles par une fraude électorale d’ampleur.

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