Quel type de gouvernement pour continuer la politique d’austérité, et à quel rythme ?

Une formation de gouvernement fédéral partie pour durer à nouveau de longs mois ? Vu les résultats sortis des urnes, et les premières coalitions formées aux niveaux fédérés, c’est tout à fait possible ; même si rien n’est exclu. Une chose est toutefois certaine : le prochain gouvernement aura à assainir au minimum 14 milliards d’euros supplémentaires ces prochaines années, afin de ‘redresser’ l’économie belge. C’est certes moins que les 22 milliards d’austérité du gouvernement Di Rupo, mais là où la précédente majorité avait enlevé une bonne partie de la graisse et de la chair, le prochain devra s’attaquer à l’os.

Par Stéphane Delcros, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

Pour les travailleurs et leurs familles, cela fera d’autant plus mal. D’autant que la question des pensions arrive à nouveau sur la table, et que la problématique du chômage est loin de disparaitre. De nombreuses autres mesures d’austérité sont attendues au niveau communal et dans les régions et communautés, là où les transferts de compétences du fédéral n’ont pas été accompagnés du transfert de moyens correspondants.

Tous les partis envisagés pour former un gouvernement fédéral, comme tous ceux impliqués dans les coalitions en construction dans les entités fédérées (PS-CDH en Wallonie, PS-FDF-CDH en Communauté française et à Bruxelles, avec Open VLD-CD&VSP. a pour la coalition néerlandophone, et NVA-CD&V en Flandre), s’accordent sur un point : ça va saigner. Pour les travailleurs et leurs familles, bien sûr, pas pour la classe capitaliste. Et celle-ci de se poser cette question : quelle est la meilleure option pour faire passer la douloureuse pilule à la population ? A l’aide d’un bâton de gavage tenu par la NVA ? Ou en la cachant péniblement dans de la purée de plus en plus fade sous la main du PS et du CD&V ?

La classe capitaliste perd peu à peu le contrôle

A l’heure de boucler ce journal, la mission d’information de Bart De Wever n’était pas terminée. Et il est difficile de se projeter dans l’avenir: confrontée à la perte d’autorité de ses alliés politiques au fur et à mesure de l’application des politiques néolibérales, la classe capitaliste ne possède plus un contrôle total de la situation. Son option préférée reste aujourd’hui une coalition dite de ‘tripartite classique’, a priori plus stable pour mener les politiques ‘nécessaires’. Avec le PS au gouvernement, elle peut encore tenter de ‘brider’ les directions syndicales, même si c’est et ce sera de plus en plus difficile.

Bart De Wever déclarait ne plus croire en la force des syndicats en Belgique, peut-être croit-il lui-même en cette provocation. Mais si les syndicats donnent l’impression de ne plus peser grand-chose, c’est avant tout par l’absence criante de stratégie et de mots d’ordre clairs et offensifs de la part des directions syndicales face aux nombreux défis urgents survenus ces dernières années. Reste qu’avec plus de 3,5 millions de membres – près de trois quarts de la population active – la force des syndicats est bien réelle, et ne demande qu’à être organisée.

Si un gouvernement de droite autour de la NVA (ce qui est l’autre option discutée et tentée par De Wever) voyait le jour, nul doute qu’il mènerait à une véritable guerre de classes ouverte. Un tel gouvernement pousserait directement des dizaines de milliers de travailleurs dans la rue, sans possibilité de tenter un ‘bridage’ des directions syndicales. La grande bourgeoisie belge pourrait éventuellement adhérer à un tel projet, mais probablement sans grand enthousiasme. Car cela resterait assez risqué pour elle, d’autant que la NVA, soi-disant ‘anti-establishment’, n’est pas à proprement parler un parti fiable et contrôlable par elle.

Quelle que soit donc la composition du prochain gouvernement, la base de la politique qu’il mènera est connue et il est certain que les partis traditionnels continueront à voir leur autorité s’éroder. Ne jouons pas trop leur jeu en espérant au plus vite une coalition, et que celle-ci soit la plus ‘progressiste’ possible. Occupons-nous plutôt dès à présent à nous rassembler et à nous préparer pour les grandes batailles que l’automne nous promet.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai